Le week-end dernier, je me suis rendu en principauté d’Andorre pour participer à mes premiers championnats d’Europe Spartan Race. Ainsi, je m’étais qualifié à Barcelone en mai dernier dans la catégorie d’âge 33-39.

Le mercredi, je décide de m’y rendre en voiture et après 10h de route, j’arrive enfin à destination : le dépaysement est total et je ne peux m’empêcher d’aller courir dans la montagne durant 1h15 environ. Il fait frais et de la neige est annoncée pour vendredi. Randonnées dans des paysages enneigés somptueux et visites/shopping en ville en compagnie de mes amis Carla et Grégory rythmeront les 2 jours suivants.

Déjà, nous sommes samedi et la pression commence à monter. En effet, froid, distance, dénivelé, neige, longs portés lourds sont autant de variables qui jouent en ma défaveur. Sans oublier que ma préparation a été très courte à cause de mes problèmes de tendinite. Qu’importe je suis bien décidé à tout donner et à lutter.

Pour la tenue, j’ai été ultra prudent en courant en collant de compression, lycra manche longue de surf, un coupe-vent, 2 paires de gants (une pour mettre les mains dans la neige et l’autre pour garder mes mains chaudes en courant), un gilet salomon avec des gels, des flasques d’eau et des barres. À noter que je n’ai pas eu froid aidé par le soleil bien présent tout au long de la matinée ainsi que par l’absence de passages dans l’eau (merci l’organisation de nous avoir épargné ça !) Bref après mon hypothermie de novembre dernier, j’ai préféré assurer le coup.

Par ailleurs, le parking est gratuit et situé juste à côté du village Spartan. C’était vraiment top ! Il faut préciser par contre que toutes les cérémonies et le retrait des dossards pour les championnats d’Europe se faisaient à Encamp à une vingtaine de kilomètres de là faute de salles disponibles. Ca n’était pas forcément très pratique mais on s’en est accommodé.

De plus, j’ai récupéré là-bas le package coureur très sommaire : le bandeau habituel, une bande de poignet jaune pour les compétitives, rouge pour les élites et les bracelets pour retirer le tee-shirt à la fin.

En course !

Bientôt 9h, je suis sur la ligne de départ entouré par mes amis et 300 autres coureurs venus des quatre coins de l’Europe. Je n’ai pas froid et je suis plutôt détendu. Aussi, j’ai décidé de partir prudemment car je sais que ça va être long et compliqué. Avec mes Slab sens de chez Salomon, les appuis sont plutôt assurés dans la neige et je peux courir sans trop de soucis.
Le tracé de 23km nous fera passer par 4 montagnes très pentues à gravir et un long retour vers la station de Grau Roig dans la plaine en faux plat montant pour un total de 1500m de dénivelé.

Ça y est le départ est donné. Les appuis sont stables dans la neige et je me sens bien. Très vite, la première montée arrive et je double tranquillement les coureurs devant moi qui déjà commencent à marcher. Après les murs dessus-dessous, j’arrive sur la grande structure en bois de 4m de haut. Comme tous les autres, je suis très vigilant en haut et j’assure mes prises car une chute de cette hauteur pourrait être dramatique. Ensuite, je réussis à courir quasi durant les trois kilomètres de la montée suivante car les pourcentages n’étaient pas trop élevés. Filet de corde et ramping de 15m sont franchis aisément. Ainsi, je double bon nombre de coureurs et je suis à ce moment-là dans le top 30 de la vague. Les paysages enneigés et notamment le passage près du petit lac sont magnifiques. On en prend pleins les yeux mais je n’ai pas trop le temps de faire du tourisme aujourd’hui. Il faut continuer de progresser rapidement entre les cailloux. Physiquement, les jambes répondent. En haut, je passe l’Olympus, mur incliné à franchir à l’aide des bras, sans soucis. Ma stratégie de la double paire de gant fonctionne bien, bien que je perde un peu de temps à les mettre et à les enlever mais au moins je franchis tous les obstacles de préhension. J’avais tellement peur de l’hypotermie et d’avoir les mains gelées toute la course que j’ai sans doute été trop précautionneux.

Peu après, c’est au tour du tirage de la brique sur 200m et du porté de bûche un peu plus bas dans la vallée. Je descends sans trop prendre de risques, il faut vraiment que je travaille cette partie car ce n’est vraiment pas mon fort. En effet, je suis trop timoré par peur de la chute ! Tout en bas, près du village, je retrouve un obstacle qui a fait du dégât à Atlantique, le Z WALL, le mur d’escalade horizontal. La paroi et les tasseaux glissent beaucoup mais je m’applique et le passe. Content de moi, je sers le poing alors que les Bisons m’encouragent. Les choses sérieuses commencent réellement avec la montée suivante : un pourcentage très important sur deux kilomètres. Les mains sur les cuisses, je tâche de marcher en rythme en allongeant le plus possible pour gagner du terrain. Mon petit gabarit aidant, je double beaucoup. Ma casquette m’empêche de voir le sommet de la montée : c’est mieux ainsi. Je verrouille mon mental en me concentrant sur ma respiration.

À la fin de l’ascension, j’aperçois les racks à sac de 25kg. Je suis encore bien donc ça ne m’impressionne pas. Il faut effectuer un ramping sous un filet avec la charge et un tour d’un kilomètre. Ce porté ne m’a pas posé de problème particulier et je cours dans la descente. La poutre d’équilibre sur laquelle il fallait grimper est gelée et quasiment aucun coureur ne réussit à monter dessus. Je visualise avant de me lancer et je pose un pied sur la poutre avant de me retrouver en déséquilibre total. Habilement, je me stabilise et finit facilement. Ici, je ressens une satisfaction intense car pour l’instant tout se passe bien. J’essaie de me détendre et d’allonger la foulée dans la descente. Je me connais vraiment trop mal sur ce genre de distance et j’ai couru en dedans sachant ce qui allait arriver. En effet, au bas de la descente, je vois ma bête noire : le porté du seau. Vous deviez le remplir de gravier soit environ 30kg (j’en fais 58), le monter sur 300m avec un pourcentage de 25 à 30% et le redescendre. Ca a été un calvaire total et j’ai dû le poser 10 fois en avançant par étape. C’est à ce moment là que le dépassement de soi a débuté pour moi. Lors d’une de mes nombreuses pauses, je demande à combien de kilomètres nous en sommes et on me répond 11 km. Quoi !!! Même pas la moitié du parcours et le seau a bien diminué mes réserves énergétiques. Aussi, je consomme régulièrement mes gels et des petites gorgées d’eau. Le dos me fait mal mais je tiens bon pour enfin finir ce tour infernal. Voir une cinquantaine de coureurs me dépasser a été très compliqué à gérer mentalement mais je suis vite revenu dans la course en pensant à toutes les personnes qui m’apprécient et comptent sur moi.

400m après, les slacklines nous attendent. Je m’entraine beaucoup chez moi et je suis très confiant ne l’ayant jamais raté auparavant. Elles sont bien tendues et les premiers appuis se passent bien. Sauf que je n’accélère pas comme d’habitude mon rythme dessus. À la moitié, ça dérape et je me retrouve en déséquilibre que je n’arrive pas à contrôler et c’est la chute… Rageant sur cet obstacle que je maitrise bien. Peut-être le poids de mon sac a t il influé. Bref, toujours est-il que je me retrouve à faire mes 30 burpees dans le sas. J’enlève mon bandeau pour le présenter à la caméra et je change de gants pour commencer mon effort. J’avoue que là j’ai pris un gros coup au moral car j’ai dû perdre 100 places en 2 obstacles. Je reprends ma course assez fatigué en évitant de trop réfléchir sauf que 200m plus loin, la chaine de 30kg nous attend. Quelle horreur !

Les organisateurs ont fait fort en alignant des portés et des obstacles de force après un gros dénivelé en très peu de distance.
La longue côte avec la chaine est un enfer. Ma nuque me fait très mal et mes mollets commencent à tétaniser voir cramper. Je la pose une fois puis quand l’envie me prend une seconde fois, je passe en pilote auto en me disant que plus vite je serai en haut mieux ça sera. Une fois dans la descente, je réussis à courir. À ce stade, je me dis que le plus dur est fait mais ces portés m’ont juste littéralement scié les jambes. Au 13ème kilomètres, mes quadriceps et mes mollets congestionnés m’empêchent de bien courir et je me rends compte que finir sera déjà une belle performance.

Je constate que ma préparation a été trop courte à cause des blessures et que je n’ai vraiment pas assez travaillé les portés. Réaliser une performance correcte sur sprint comme à Atlantique était possible mais pas ici surtout avec ces conditions difficiles. Tant pis, je suis présent et je me bas avec toute l’énergie qu’il me reste alors que je tire le traineau sur un aller-retour de 40m puis le pneu à l’aide d’une corde. Après la très longue descente sans obstacle, j’accède à la vallée, partie que j’apprécierai le moins de par sa faible densité en obstacle.

Monkey bar à passer par en dessous, mur de 3m, atlas carry, saut pieds joints par dessus des rondins seront les seuls obstacles rencontrés en 5km. A ce stade, j’alterne la marche et la course à pied lente dans la foret alors que le village se rapproche. Puis, je franchis le hercules hoist, pneu à monter à l’aide d’une corde, le montée de corde et le cargo net. En voyant les stands du javelot, je commence à visualiser ma réussite. Je choisis mon stand et j’effectue les automatismes de lancer. Avec la cellophane, c’est une formalité et je reprends ma course dans une longue montée où un ramping de 30m dans les pierres a été installé. Je n’arrive plus à courir et je marche le plus rapidement possible. Je sens que l’arrivée approche et je lâche rien. Dans la descente à gros pourcentage, je ne prends pas assez de risques encore et j’assure trop. En bas, je trouve que le monkey bar multi rig avec barre horizontale, les barreaux et les 4 têtes de spartan était vraiment trop simple. Dommage pour des championnats d’Europe !

Dernière petite montée et je tâche de reprendre les coureurs de devant. Les fosses de boue, le mur de 3m, un plan incliné et je sprint pour sauter le mur de feu. Ca y est, j’ai enfin franchi la ligne d’arrivée après 4h d’effort et au moins 2h en dépassement de soi. Je finirai 22 sur 60 dans ma catégorie d’âge 33-39 ans et 93 sur 300 toute catégorie d’âge confondue. Je suis pleinement satisfait de ma réussite sur les obstacles mais je mesure les progrès à réaliser sur la gestion de la distance, des descente et surtout des portés. Qu’importe je suis fier de m’être qualifié pour ces grands championnats et d’y avoir fait une performance honorable au-delà de mes attentes.

Après avoir récupéré ma belle médaille et manger un peu, je me dépêche de repartir. En effet, j’avais promis à mes amies que je ne les laisserai pas finir seules et que je serai là pour soutenir la plus en difficulté. J’oublie la fatigue alors que je continue à courir après 24 km d’effort. J’arrive finalement à retrouver Carla qui m’accueille « chaleureusement » après des énièmes burpees. La pauvre, elle en aura effectué 305 au final. Je l’encourage comme je peux mais peu après je m’aperçois que Carole, l’autre fille de notre groupe d’amis n’est vraiment pas bien. Je décide de rester auprès d’elle car j’avais peur qu’elle fasse un malaise. Finalement les filles finiront à des places très honorables dans leur catégorie. Aussi, j’ai beaucoup apprécié les soutenir dans ces moments difficiles et partager leur joie quand elles ont franchi la ligne. Ce moment de partage restera un des moments forts du week-end et j’avoue avoir été ému à la fin bien aidé par la fatigue accumulée. Après la course, j’ai apprécié retrouver les Spartan Nomad, mes coéquipiers de la team ocr Bulkpowders ainsi que les coureurs des autres teams (Aroo, Limoge Mud Runner, Tr1be, Swat, etc)

J’ai aimé :
la beauté des paysages, le parcours, le dénivelé positif, les obstacles de préhension, être avec les amis, la remise des trophées après la course et son buffet, la médaille, l’absence de passages dans l’eau gelée la vidéo pour les burpees, le nombre important d’obstacles visibles depuis le village, l’ambiance générale.

J’ai moins aimé :
Le nombre et la distance des portés, le dénivelé négatif, l’absence de tee shirt finisher spécial pour l’événement, le fait que le village et le festival soient éloignés de 20km, l’absence du twister.

Je tiens à féliciter Spartan Race pour la belle course proposée.
Je remercie tout d’abord mes partenaires : la Frappadingue, l’Orange Bleue Mayenne, Accessoire Running et Nutrisens Sport.
Je remercie également toutes les personnes qui me soutiennent : ma famille, Carla, Grégo, Léo et ma team ocr Bulkpowders, Boris, Mathieu, Arnaud, Carole , Julyen et tous les autres…

Une attention particulière pour Alex, Sébastien et Jacko sans qui je n’aurai pu participer à cette course. Merci profondément !

Voilà une belle aventure s’est achevée mais la saison n’est pas terminée pour autant. Maintenant le prochain objectif sera d’aller chercher la qualification pour les championnats d’Europe OCR qui auront lieu au mois de juin/juillet prochain au Danemark.

Je vous dis à bientôt et ENJOY !