Quoi de mieux que de se fixer un défi de taille pour finir en beauté ma saison OCR 2016 ?

Dans cette optique, je me suis inscrit à la Gladiator Run Mud Edition en optant pour la distance la plus longue proposée à savoir 24km (2 boucles de 12km) et 82 obstacles. En effet, je n’avais couru que des courses relativement courtes et j’avais envie de changer. Comme je l’avais déjà annoncé, je ne suis pas forcément fan des boucles mais bon j’avais envie de souffrir ce coup-ci.

En me dirigeant vers la banlieue de Bruxelles avec Boris et Julien, je m’étais préparé mentalement à rencontrer les mêmes conditions dramatiques que l’an passée à savoir de la boue épaisse sur tout le parcours, un temps pluvieux et un froid glacial. Par chance, seul le vent soufflant par violentes bourrasques allait représenter un obstacle naturel de plus. Ouf !

Ce dimanche matin, Julien nous dépose en catastrophe car nous sommes limites niveau timing. Les parkings gratuits sont situés assez loin et c’est déjà le premier obstacle car il nous faut marcher un bon moment avec nos sacs assez lourds. Le village assez sommaire est implanté dans un champ : un grand chapiteau permet aux coureurs de rester au chaud, un car podium avec une sono met un peu d’ambiance et un autre chapiteau est installé un peu plus loin avec des douches chaudes.

Je ne vous cache pas que j’ai trouvé ça beaucoup moins abouti que l’édition Atuatuca de mars dernier. A leur décharge, le froid n’aidait vraiment pas.
Par ailleurs, le pack coureur comprend un teeshirt noir « I’m a real gladiator » sobre et assez sympa, un dossard et une puce à attacher au poignet. J’ai tout de suite émis des doutes sur la bande de papier qui servait à tenir la puce. L’heure tourne et je pars faire un échauffement sommaire.

mathieu-le-brassard

9h20 et déjà les compétiteurs de la team OCR Belgium se regroupent au niveau de l’aire de départ. Les marshalls de l’OCRA nous écrivent notre numéro sur le front au marqueur et nous attachent un bout de chiffon au bras. Directement, je me pose la question : va t’il tenir 24km et supporter les passages des obstacles. Aussi, je demande à ce qu’on me le refixe plus fermement. Néanmoins, j’ai trouvé ça pauvre et peu judicieux. Peut-être un bracelet à couper ou un dossard avec le numéro devant et derrière auraient été plus indiqués.

Par la suite, j’apprendrai que beaucoup de coureurs l’ont perdu en courant et auraient ainsi été disqualifiés injustement tandis que d’autres l’auraient cachés dans leur short avant de le ressortir à la fin de la course comme si de rien n’était. Bref, ce brassard a causé pas mal de polémiques.

Revenons à la course !

Depart-Gladiator-Run.jpg

Sur cette ligne de départ, je retrouve quelques visages belges familiers et je discute avec Bruno Sparacio notamment. L’ambiance est détendue et il fait plutôt bon pour un mois de novembre en Belgique. Enfin pour le moment ! Je pose pour quelques photos sympas qui seront publiées les jours suivants sur le site de la course. Chose appréciable, la prestation est offerte. C’est top pour les souvenirs. En vague compétition, les obstacles sont obligatoires sous peine de disqualification mais j’ai confiance.

Le départ est donné et je me cale sur le top 10-15. Le parcours dans les champs est plat et donc plutôt roulant. Les six premiers kilomètres comprennent de nombreux obstacles et j’ai opté pour les passer tranquillement. De plus, la course est longue et je ne me connais pas trop sur ce genre de distance donc la prudence est de mise.

Après des petites barrières et des dunes de boue, les hautes structures en bois à escalader se présentent face à nous. Je ne suis pas fan de ce genre d’obstacles peu techniques et rendus assez dangereux par la boue omniprésente.En effet, vous vous trouvez à 4mètres de haut sans aucune sécurité au sol et il vous faut rester lucide lors des transitions d’un côté à l’autre. J’aurai les mêmes craintes sur 4 ou 5 autres structures du même type. J’ai préféré assurer le coup à chaque fois car ça reste un loisir et hors de question de risquer une blessure grave voir pire pour gagner 5 secondes. Sans doute mes 2 ans de convalescence qui parlent !

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En outre, les jambes sont là et je suis satisfait de mon allure de course à pied. Suite à un porté de deux pneus sur 200m environ, j’arrive sur les obstacles que j’ai préféré à savoir les monkey bar avec des barres à des niveaux différents et un autre à la Ninja Warrior à passer avec des anneaux dans chaque main. J’ai tout simplement adoré ! Je navigue alors en 17ème position et j’en garde pour le second tour. Les autres obstacles récurrents sont les ramping sous des filets et dans les tranchées ainsi que des murs inclinés avec des cordes. Peut-être un peu trop à mon goût !

Aussi, nous devons aussi sauter par dessus 13 barrières métalliques, ramper sur le dos en s’aidant de barreaux métalliques sur 80m, retourner un pneu et franchir des murs . Après 7km, les distances de courses à pied entre chaque obstacle augmentent significativement. Suite à un ramping très boueux sous un filet, je m’avance vers la planche irlandaise culminant à 2m10 de haut. Je suis entièrement couvert de boue liquide et gelée (j’ai même dû mettre la tête dedans) et ça complique fortement la tâche. Néanmoins, je réussis à la passer les deux fois. S’ensuivent les longues portions de course à pied sur des sentiers, les pavés et le bitume sous un vent violent et glacé qui nous scotche à la route. J’ai très froid à ce moment-là et j’accélère pour tenter de me réchauffer mais rien ni fait. Je fais le vide et me concentre sur ma respiration. Mode auto pilotage activé ! Par ailleurs et chose nouvelle pour moi, je veille à suivre mon plan nutrition à la lettre à savoir un gel toutes les trente minutes. D’habitude sur les distances inférieures, je ne me soucie pas des ravitaillements mais là c’est juste indispensable.

Malgré les conditions, le temps passe vite et les kilomètres défilent. Je rattrape quelques coureurs sur ces parties où je suis plus à mon aise. Après le filet vertical, j’entre dans une écurie et je rampe sous des filets dans l’aire d’équitation intérieure. Là encore, l’eau gelée recouvrant les filets me refroidit fortement. C’est bientôt la fin de ce second tour et j’accélère vraiment l’allure pour distancer au maximum les coureurs que je viens de reprendre. En effet, les derniers obstacles ne jouent pas du tout sur mes forces et il me faut un maximum d’avance pour conserver ma 15ème place. J’accède au dernier kilomètre. Dans une plaine, je commence à escalader une palissade sans bas à l’aide des mains. Arrivé au troisième trou de la palette, je mets mes pieds comme j’avais fait lors de l’édition d’Atuatuca sauf que la marshall m’annonce que je ne dois pas m’aider de ceux-ci avant d’avoir atteint le dernier palier. Ainsi, je dois donc redescendre pour recommencer.

mathieu-la-corde

Étonnant ! Une règle aurait pu nous être transmise au préalable pour nous expliquer le franchissement de certains obstacles. Sur le second tour, je ne referai pas l’erreur. J’enchaîne sur la palissade inclinée et je fonce vers le passage dans un marais. Ça y est : dernière ligne droite ! De nouveaux murs inclinés de belle taille se dressent devant moi ! Malheureusement, la structure extrêmement glissante complique fortement les choses. De plus, la corde me glisse littéralement des mains. Sur le premier tour, avec l’énergie et la rage, j’ai réussi non sans avoir perdu beaucoup de temps à les franchir mais après 2h30 d’effort et quelques tentatives infructueuses, l’énervement commence à me gagner et s’amplifie à mesure que les coureurs distancés me rattrapent. Un nœud a été fait avec la corde fine pour nous aider un peu mais je manque de taille contrairement aux autres. Je précise qu’ils galèrent un peu aussi.

L’arrivée glaciale

Après de longues minutes et de nombreux essais, une seconde boucle à la corde est enfin rajoutée car les coureurs s’agglutinent. Tout de suite, c’est beaucoup plus simple et je franchis enfin cet obstacle piège qui m’aura coûté cher au niveau du classement . Ensuite, j’éprouve un peu de difficulté à franchir le mur plus large que d’habitude. L’enchaînement des obstacles de bras à court intervalle et le froid font leur effet. Pour monter sur la dernière plate forme, il faut s’aider d’une corde épaisse. Là encore ça glisse énormément et je perds quelques places mais avec la rage, je me hisse en haut. Petit toboggan, un ramping sous des barbelés de 20m et après 2h45 d’efforts, je finis enfin ma Gladiator Run X Trem à la 20ème place. Cela me permet donc de me qualifier en classe d’âge pour les championnats du Monde.

Quelques minutes après, l’adrénaline et la concentration qui me faisaient tenir debout s’envolent et je suis pris de tremblements importants et incontrôlables. Je ne m’affole pas car j’ai déjà souffert d’hypothermie sur d’autres courses mais les secouristes décident quand même de me prendre en charge. Je mettrais quand même pas loin de quarante-cinq minutes à me réchauffer sous des couvertures. L’effort n’était finalement pas aussi anodin que ça. Bref je peux oublier Tough Guy original : ça n’est pas pour moi ! (course à obstacles anglaise en janvier avec de nombreux passages dans l’eau et la boue).
Enfin, sous la tente chauffée, je profite des derniers moments pour échanger comme à chaque fois avec tous les potes présents d’autant plus que je ne les reverrai pas avant minimum quatre mois.

J’ai moins aimé

Faire deux boucles identiques pour la 24km, le manque de variété au niveau des obstacles et le manque de sécurité sur certaines structures, le brassard des vagues compétitives, les plans inclinés boueux de la fin, le parking lointain, le vent glacial et l’hypothermie.

J’ai aimé

Le parcours, les monkey bars, la palissade sans bas, le terrain plutôt sec, le rapport qualité-prix correct, la visite de Bruxelles la veille, la médaille finisher, le tee shirt, le chapiteau chauffé , la prise en charge des secouristes, la bière belge avec les copains.

Je remercie l’organisation de la Gladiator run pour la course sympathique proposée.
Je remercie également Léo Climber et ma team OCR Bulkpowders , Globe Runners, Sébastien et le staff de la Frappadingue pour le soutien.

2016 restera une belle année pleine de souvenirs. Je garderai en mémoire l’épique aventure des OCR Europe en Hollande, ma qualification pour les championnats du monde 2017, mes 3 victoires , mes 5 autres top 10, mon record explosé (38’10) sur 10km mais surtout les week-ends de courses en compagnie des racers devenus maintenant des amis .
Toutes ces aventures vont me manquer !

Maintenant, place à 15 jours cools pour récupérer un peu et j’enchaînerai sur la saison hivernale de Cross Country avec mon club de l’Intrépide de Pré en Pail. Je vous donne rendez-vous fin mars pour une saison 2017 qui s’annonce énorme avec notamment l’organisation le 16 avril à Mayenne d’une course à obstacles, la May Day et plusieurs beaux trips OCR de prévu !

A bientôt les warriors et …Enjoy !

Profitez car la vie est courte !