Douze candidats étaient en compétition dans Spartan X, deux d’entre eux étant soit sportifs professionnels soit coachs sportifs : Kevin le champion du monde Redbull 2009 de Kite Surf, Yoann le champion du monde de Parkour, Anabel la Crossfitter Reebok aux 40 000 followers, Cesar le mannequin Calvin Klein prof de yoga et de calisthenics, Charly et Devrath coachs sportifs emblématiques de leur salles de muscu respectives… Et les deux autres? simplement deux modestes Obstacle Racers, coureurs à obstacles, passionnés par leur sport mais passant malheureusement beaucoup plus de temps dans un bureau qu’à l’entrainement. Pourtant, ceux qui ont suivi Spartan X (sinon rendez-vous sur www.insight.tv pour une séance de rattrapage !) savent que les deux Obstacle Racers se sont finalement très bien débrouillés, avec Francesca finissant sixième aux portes de la finale et moi-même finissant deuxième ex-aequo.

SpartanX-Concurrents

Quelle(s) leçon(s) tirer de ce résultat ?

À mon sens, il y en a deux : d’abord le fait que le propre des Obstacle Racers est de savoir s’adapter rapidement à toute situation et à tout obstacle se dressant sur leur route ; et ensuite le fait que même sans être très bien préparé pour un challenge, une motivation et une volonté sans faille sont parfois suffisantes pour repousser ses limites et accomplir des objectifs que l’on pensait initialement hors de portée.

La course à obstacles : école de la capacité d’adaptation

Une aventure comme Spartan X est faite sur mesure pour des coureurs à obstacles. Elle requiert toutes les capacités de base du profil équilibré : force, souplesse, agilité, endurance, vitesse, intelligence… et parce que les Obstacles Racers n’ont pas peur de l’inconnu, au contraire, il leur donne encore davantage de motivation et d’excitation.

Sonali, la body-builder indienne de 40 ans qui en fait 25, est une experte dans son domaine, vainqueur de multiples concours de fitness et body-building en Inde et dans le monde. Yoann quant à lui est une référence mondiale du Parkour, lui qui saute de toit en toit dans Paris depuis plus de 17 ans et dont les vidéos Youtube ont été vues par des dizaines de milliers de fan.

Dans leur domaine, ils sont presque imbattables. Mais sont-ils capables d’aller au delà de leur domaine d’expertise et de s’adapter à des challenges très différents ? Visiblement non : Sonali ne sait pas nager, a le vertige et est incapable de grimper de quelques mètres, Yoann a peu de sens tactique et ne sait absolument pas gérer un effort d’endurance, lui qui fait toujours tout à 200%, gaspillant parfois son énergie en deux minutes alors que l’effort est censé durer prés d’une demi heure.

Il y a également Shirley qui était la candidate la plus impressionnante, notamment capable d’enchainer 15 tractions et de sauter à peu près n’importe où. Mais en perdant ses moyens dans les moments importants comme en ne sachant pas allumer un feu par exemple, elle est sortie du jeu plus tôt que beaucoup l’avait imaginé.

Martin-SpartanX

Dans le même temps, sans être le plus fort, le plus rapide ou le plus agile, mais en sachant m’adapter et en étant le plus malin et le plus fin stratège, j’ai réussi à garder ma place dans le château pendant très longtemps avant de la récupérer immédiatement après l’avoir perdue. Quand un challenge jouait en ma faveur, j’étais concentré à 101% pour le gagner et montrer que j’étais un concurrent de taille, et quand un challenge jouait sur mes faiblesses, je trouvais un moyen de faire le dos rond, mettant en place une tactique pour ne pas finir dernier et atteindre sereinement le challenge suivant.

Avec la course à obstacles, on apprend à attendre l’inattendu et à garder le bon état d’esprit quelques soient les nouvelles difficultés que l’on rencontre.

« Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles. »
Sénèque

La question que je me suis posé en arrivant en Hongrie et en découvrant mes adversaires était quelque chose du genre : « mais qu’est-ce que je fous là ». Au milieu de tous ces athlètes aux corps dignes de Photoshop et aux semaines d’entrainement toutes plus intenses les unes que les autres, un sportif du dimanche comme moi avait effectivement l’air d’une erreur de casting.

Bon, pour être tout-à-fait honnête, je me défends tout de même correctement en termes de performances physiques, avec une condition suffisante pour faire une quinzaine de tractions, une soixantaine de pompes et surtout une endurance qui me permet de fournir un effort soutenu pendant 5, 10, 15 ou 20h si nécessaire.

En revanche je n’ai jamais eu de tablettes de chocolat (loin de là), je mange nettement plus de pizza que de légumes et il m’arrive de passer 2 ou 3 semaine de rang dans mon canapé sans faire la moindre séance de sport, avant de me lever un beau matin pour aller faire un marathon. Bref, je m’entraine probablement moins chaque mois que mes adversaires chaque semaine donc je pouvais légitimement me demander pourquoi je m’étais embarqué dans cette histoire ! « Je ne suis pas prêt », « Je ne vais pas y arriver », « Je ne pourrais jamais courir aussi longtemps », « C’est trop dur pour moi »… autant de phrases que j’entends quotidiennement dans la bouche de gens qui ne réaliseront jamais leur rêves simplement par manque d’audace, de confiance en eux et d’un peu de folie.

On n’est jamais prêt

On n’est jamais, ou rarement, aussi prêt qu’on le voudrait, mais ce n’est pas une raison pour ne pas se lancer quoiqu’il arrive ! Si vous attendez de pouvoir courir 40 km en entrainement avant de vous inscrire pour un marathon (42km), c’est tout simplement du temps de perdu. Si vous avez déjà couru un semi par exemple, pourquoi ne pas se lancer dans deux mois sur un marathon entier ? Quel est le pire scénario possible (hors blessure) ? C’est de donner le meilleur de soi, de repousser ses limites et peut-être de devoir abandonner à 38 km. Et alors? si votre précédent record était de 21 km, j’appelle passer à 38 km un sacré succès ! Et puis désormais la certitude absolue qu’avec cette expérience en poche et un chouia d’entrainement en plus, le prochain essai sur marathon sera gagnant.

Martin-Spartan

C’est également vrai, bien entendu, pour les courses à obstacles. Celui ou celle qui se sent trop juste pour faire un Spartan Beast devrait s’y inscrire sur le champ, soit pour confirmer que c’est effectivement un peu juste pour le moment, soit pour se rendre compte du potentiel inexploré qui réside en chacun de nous. Quiconque termine un Spartan Super est capable de finir un Beast, j’en suis persuadé. Si je m’étais arrêté sur mon manque de préparation, d’entrainement ou de condition physique, jamais je n’aurais accepté de faire Spartan X et jamais je n’aurais pu réaliser que je peux performer nettement mieux que je pense en être capable.

Vaincre la peur du jugement

C’est souvent la peur du jugement des autres face à notre possible échec qui nous bloque et nous bride, mais sur la route de la découverte et de l’amélioration personnelles, nous sommes à la fois le pilote, le copilote, l’arbitre et le seul public dont l’opinion importe réellement. Il faut continuellement viser plus haut, trop haut même, c’est la seule façon de continuer à avancer et à s’améliorer.

Fuck it! Let’s try it!

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Alors bien sûr, quelqu’un qui ne court jamais ne devrait pas du jour au lendemain s’inscrire pour un Survival Run, ou quelqu’un qui n’a jamais fait d’OCR ne veut pas forcément partir pour Las Vegas et World’s Toughest Mudder dès cette année (encore que…), mais j’invite, que dis-je, je mets au défi n’importe quel athlète ou sportif du dimanche qui lit ces lignes à se fixer un objectif qu’il serait fier d’accomplir mais qui semble tout juste hors de portée et à se dire « Fuck it! Let’s try it! » On a qu’une vie, ne perdez pas de temps, n’attendez pas l’année prochaine juste parce que « là ce n’est pas le bon moment… ». Alors Sign up, Show up, Don’t give up (Inscrivez-vous, Montrez-vous, Surpassez-vous) et découvrez votre vrai potentiel.

Je vous parie ma médaille Ultra Beast qu’il est beaucoup plus vaste que vous le ne pensez.