Ce que l’on ne connait pas, ce que l’on ne maitrise pas fait peur. La course à obstacles en est l’une des nombreuses preuves. Alors que la discipline est interdite au moins de 16 ans, celle-ci est enseignée dans les écoles maternelles. Décryptage.
Pour comprendre l’histoire de notre sport, il faut revenir à ses fondamentaux : la course à obstacles est un sport qui prône le dépassement de soi. Par la force demandées dans les épreuves de portés, par l’agilité exigée sur les obstacles d’équilibre, par la confiance en soi requise pour franchir les hauteurs, par l’endurance nécessaire à la course de fond et par la lucidité indispensable pour enchaîner tous ces éléments, notre discipline fait de chacun et chacune des humains complets.
La diversité des obstacles, le caractère impressionnant de certains ainsi que le marketing du dépassement de soi poussé à l’outrance ont donné une image extrême à notre discipline. Les quelques bleus et quelques bosses exhibés par les participantes et participants renforcent encore ce sentiment de prise de risques. Tous ces éléments ont poussé François Hollande et le gouvernement Français à rattacher notre sport à une discipline pas franchement consentante en 2016 : la Fédération Française d’Athlétisme. Contrainte alors de réguler notre sport et sans vraiment se pencher sur le cœur de notre discipline, celle-ci a pris la décision qui lui semblait alors la plus logique : l’interdiction des courses à obstacles aux moins de 16 ans dans l’espace public.
Si on ne l’appelle pas sous ce nom, la course à obstacles est belle est bien enseignée dans les écoles maternelles. Les objectifs sont les mêmes. Les épreuves sont les mêmes : poutre, filet, passage à ramper, franchissement d’obstacles verticaux… On appelle cela de la motricité. En photo, la ressemblance est plus que saisissante. À la hauteur des tous-petits, les modules ne sont pas très impressionnants. Et pourtant, ramenés à une taille proportionnelle à celle d’un adulte, cela devient de vrais épreuves de notre discipline.
À l’école élémentaire, lancer des élèves dans la boue en pleine hiver est tout à fait normal quand on appelle cela un cross. Les risques de glissades et de blessures sont pourtant bien réels. Nous avons déjà évoqué, dans ce magazine, la similarité entre les aires de jeu dans les parcs publiques et les obstacles rencontrés sur nos courses.
Malgré toutes ces similarités, la discipline reste contrainte à une interdiction des courses à obstacles au moins de 16 ans. Les plus jeunes auront depuis longtemps oublié leurs cours de motricité, les cross dans la boue et les aires de jeux pour enfants. Tout cela restera tout de même dans un coin des esprits donnant, sans que l’on ne sache immédiatement pourquoi, un côté madeleine de Proust au sport. Un côté retour enfance.
Tout n’est pas aussi noir : sur les terrains privés, les organisateurs continuent d’organiser des parcours ou des courses à obstacles jeunes. Mais l’esprit n’est plus le même. Sans jeunes, une discipline est vouée à se refermer sur elle-même, à rester dans l’entre-soi et petit, à petit, à disparaître.
Le temps de la mobilisation est venu.