Je m’étais inscrit à la Spartan Race de Barcelone pour passer un bon week-end avec les membres de la Team ocr Bulkpowders : Léo, Maria, Calou , Thalia et les autres Bon ça ne se présentait pas sous les meilleurs auspices. En effet, à cause d’une tendinite aigûe, je n’avais pas couru durant le dernier mois. Tant pis j’y allais surtout pour passer des moments sympas.

Après 3h30 de route, nous arrivons dans la capitale catalane. Là-bas, nous décidons de faire un pique-nique puis une courte ballade le long des plages bondées. Rapidement, nous choisissons de nous rendre sur le lieu de la course situé à 1h  pour prendre la température de l’événement. En parlant de ça, il fait vraiment un temps à ne pas mettre un breton-mayennais dehors : 30 degrés en mai, Ouch. Ça me change!

En suivant les directives du GPS, nous nous retrouvons 2h plus tard aux Comes. Le site est bien vert et surtout tout plat. Il ne correspond en rien aux paysages vus dans les vidéos des éditions précédente. En effet, on s’est complètement trompé. Nous sommes maintenant à 150km à Suria. Ça commence bien! Nous voilà repartis dans la bonne direction ce coup-ci.

2h plus tard, nous arrivons enfin à Les Comes, zone montagneuse et aride à l’est de Barcelone. Les parkings gratuits situés à proximité sont appréciables et nous apercevons les derniers finishers de la sprint de l’après-midi couverts de boue. Des boutiques de merchandising, des douches et toilettes, des stands de chronométrage, de vente de nourriture et de boissons composent le village. On trouve également les habituels obstacles libres d’utilisation comme le hercules hoist, le traverse wall, les retournés de pneus de camions et le monté de corde.

La musique dynamique et le beau temps contribue à donner une ambiance estivale et festive: j’adore et j’oublie instantanément les malheureuses péripéties du voyage.

En nous baladant, les bénévoles nous donnent la permission de tester certains obstacles comme le javelot et le grimper de corde : très sympa de leur part.

Après quelques discutions avec mes amis Carla et Greg qui étaient présents, il était temps de regagner notre maison de location située à 35minutes de là.

A 22h, nous réussissons à trouver un restaurant servant des pâtes puis je me suis couché fourbu vers minuit et demi.

LE JOUR J

A 5h45, c’est le branle bas de combat. Malgré les kilomètres de la veille et la courte nuit, je me sens plutôt bien. Arrivé sur place, Léo Climber, le coach de la team nous échauffe durant une demi-heure. Vraiment plaisant d’être accompagné comme ça avant une course, on se sent davantage en confiance. En même temps, je n’espérais pas faire des miracles vu mon état. J’encourage les français qui partent en élite et je leur souhaite bon courage. Je pars dans la vague compétitive suivante : on ne sait jamais sur un malentendu, je pourrais peut-être me qualifier pour les championnats d’Europe Spartan en classe d’âge.

Ça y est il est 8h30 et les élites viennent de partir en trombe sur les chemins secs et poussiéreux. D’ailleurs, je rentre le premier dans le sas de départ après avoir été scanné par les bénévoles. A la différence avec les élites, ça ne se bouscule pas pour être en première ligne et l’ambiance est beaucoup plus détendue. Aussi, j’entends des français parler sur ma droite et je me joins à leur discussion. L’un vient de Suisse, l’autre de Singapour et a fait un top 10 là-bas, d’autres de Paris. Après le décompte en espagnol, je décide de partir prudemment mais en tâchant  de garder le contact avec le top 10. En outre, on nous a annoncé 15km et beaucoup de dénivelé. Je m’attends aussi à rencontrer de nombreux portés dans les bosses donc je préfère préserver mon énergie.

https://www.youtube.com/watch?v=Ufa9z-kMajI

Après les murs à passer dessus- dessous et des buttes de terre, les premières successions de montées apparaissent. Le parcours ne sera d’ailleurs qu’un enchaînement de montées et descentes abruptes sous un soleil de plomb. Les cailloux omniprésents m’obligent à être vigilant. Dès le début, mon tendon d’Achille droit se fait sentir mais en évitant de trop pousser de ce côté j’arrive à limiter la douleur. Durant les 9 premiers kilomètres, je tiens le contact avec le top 5 et je suis plutôt à l’aise dans les montées où je remonte et dépasse beaucoup de coureurs. J’alterne course et marche avec les mains sur les cuisses. En revanche en descente, mes reeboks all terrain super ne sont vraiment pas à la hauteur et ne m’offre aucune stabilité. Couplé au problème physique, je ne peux me libérer. Contrairement à moi, la plupart dévale ces pentes en mode kamikaze et gagnent énormément de temps. Vraiment dommage car il y avait moyen de se faire plaisir. Niveau obstacles, ils sont assez éloignés les uns des autres sur les 5 premiers kilomètres : poutres à passer par dessus, ramping, mur, etc. Je vais plutôt m’attarder sur les nouveautés pour moi. Tout d’abord, j’ai bien aimé les barres horizontales à passer avec les mains et les jambes par en dessous sans toucher le sol. Comme pour le cochon pendu, je me suis détendu pour limiter la congestion des bras. J’étais plutôt bien synchronisé. Ensuite, l’Olympus, mur incliné avec des trous, chaines et prises d’escalade à franchir latéralement, a été l’un de mes obstacles préférés. Enfin Spartan commence à mettre de plus en plus d’obstacles sollicitant la poigne et le temps de suspension sur les mains: je trouve ça bien. Après ma préparation pour des obstacles type ninja warrior de la Strong Viking, les obstacles de la Spartan m’ont paru tout de suite beaucoup plus accessibles. J’ai même pris le luxe de faire la traction finale à une main avant de toucher la cloche. Par ailleurs, j’ai apprécié les 2 ou 3 séries d’obstacles. Sur la première, j’ai sorti mon gant de foot us pour monter non sans mal le hercules hoist relativement lourd pour mes 60kg (40kg 45kg je dirais comparés aux 32kg de la Strong et de la Tough Viking). Avec l’expérience, je suis heureux de voir que je fais de moins en moins d’erreurs . En effet, je ne réfléchis plus avant d’aborder les obstacles et je suis beaucoup plus serein.

J’enchaîne sur le rig installé au dessus d’une fosse remplie d’eau : j’ai adoré le rendu de l’obstacle. Par contre, il aurait été bien de finir sans devoir tomber dans l’eau. En parlant d’eau, vue la chaleur, chaque passage aquatique était le bienvenu et vous permettait de vous rafraîchir. Après le ramping, j’arrive sur le javelot. Celui-ci est toujours aussi rudimentaire avec son manche type fourche beaucoup trop lourd et sa pointe peu aiguisée, courte et tordue à redresser à coups de pied. Néanmoins, du cellophane recouvre la botte de paille et ça change tout. Là encore, je suis très confiant et je répète les gestes effectués des centaines de fois. Je visualise mon jet positivement et je me lance. Comme souvent, mon lancer est bon mais au lieu de ricocher sur une sangle ou de tomber à cause du poids, il se plante net en plein milieu et se fige bien aidé par le cellophane. J’ai enfin réussi à planter ce foutu javelot …Possédant la technique de lancer, je ne m’étais pas entraîné du tout pour Barcelone car il faut surtout de la réussite. Ainsi, je pense que l’usage du cellophane devrait être généralisé à toutes les éditions pour enlever cette grosse part d’aléatoire.

Ensuite, le Traverse Wall, le mur d’escalade à franchir latéralement, aura été l’obstacle le plus compliqué pour moi. Heureusement que nous étions sec. La clé c’est d’éviter de prendre à pleine main la prise en tasseau de bois car on ne peut pas y poser l’autre. Très vite j’ai compris la technique et j’ai pu progresser sans pour autant être très rassuré. Le marshall me conseillait et m’encourageait notamment sur les passages en aveugle à angle droit. Merci à lui !

J’ai été soulagé de voir que nous n’avions pas la slackline sur la super mais uniquement une poutre ultra simple. OUF ! Enfin un sans faute sur une Spartan qui se profile. Depuis le 9ème kilomètres, la douleur au tendon s’est intensifié et je me contente de jogguer comme je peux. Surtout ne pas se blesser !

Aux sommets des petites montagnes, la vue est jolie et j’essaie de profiter de ces moments.

En outre, j’ai été étonné par la faible longueur des portés (bloc de béton à tirer, bûche et le sac de 25kg). Les ravitaillements en eau étaient bien répartis tous les 3 ou 4km et c’était indispensable vu la chaleur.

Maintenant l’arrivée est proche et j’essaie d’accélérer dans le dernier kilomètre : corde, cargo net, mur inversé, plan incliné sont vite avalés. Je fonce sous les voitures partenaires , je saute par dessus le feu et je franchis la ligne d’arrivée en 1h55 sans pénalité.

Au niveau sportif, j’ai donné ce que je pouvais et je suis très satisfait de ma prestation. Au final, je finirai 60ème au scratch, 11ème de ma vague mais surtout 3ème en classe d’âge 33-39 ans ce qui suffirait pour me qualifier au championnat d’Europe Spartan qui auront lieu à Andorre le 16 septembre prochain. Chouette un beau voyage accessible ! ^^

Je profite un long moment de l’après-course en refaisant la course avec les Wild Runners de Vincent Di Benedetto, les Spartan Nomad de Miguel Labranche ainsi qu’Anais Aragon et Anouk Garnier.

Je retrouve par la suite mes amis Carla et Greg pour partager une bière bien méritée. L’ambiance est top et le beau temps donne envie de rester. Les chaises et les tables abritées sous un parasol sont très appréciables.

Peu après, mes coéquipiers de la team nous rejoignent. Je surveille la montre car nous avons de la route et il ne faut surtout pas rater mon vol prévu à 18h45 à Montpellier.

Après une douche plutôt chaude au karcher (génial d’ailleurs), nous partons vers 13h. Sur la route, même si le timing est large, je mets en garde mes partenaires sur les contraintes d’un arrêt prolongé à la Jonquera mais ils décident quand même de s’arrêter pour acheter des cigarettes. Sauf que nous sommes le dimanche après-midi d’un week-end de 5 jours et la journée est annoncée noire niveau circulation. Nous tombons inexorablement dans des bouchons infinis. Le temps passe et progressivement l’angoisse me gagne. Aussi, je réalise peu à peu que je vais rater mon vol. Il faut savoir que ma compagne est enceinte de 8 mois et demi et que je ne voulais pas la laisser seule trop longtemps ; déjà que j’avais pris le risque (un peu fou ou inconscient diront certains) d’aller à Barcelone à 15 jours du terme. Après quelques recherches sur le net, je trouve un covoiturage Montpellier-Nantes à 7 h le lendemain. Ok ça va être un périple de fou mais au moins je peux rentrer à moindre frais et relativement rapidement. D’ailleurs, je serai rentré dans une bétaillère la nuit même si j’avais pu. Aussi,  je vais passer la soirée chez Léo qui accepte gentiment de me dépanner. Merci à lui ! Après 8h de route et la course, je m’endors assez vite vers minuit.

Alors que je dormais paisiblement, ma compagne m’appelle à 4h du matin… pour m’annoncer qu’elle perd les eaux… et je suis à 900km de là…Mon sang ne fait qu’un tour. Le scénario catastrophe que je redoutais se produit. Je me sens totalement impuissant et je subis une nouvelle fois la situation. Impossible pour moi de dormir et je n’ai qu’une obsession : rentrer au plus vite. Puis, je suis en proie à de multiples crises d’angoisse entre 4 et 5h. En effet, je peine à respirer.Heureusement elles ont cessé dès que je suis monté dans les voitures. En effet,  les discussions avec les membres du covoiturage m’ont beaucoup aidé. Le conducteur est colonel et gère 2 escadrons de GIGN et 4 bataillons de gendarmerie…Rien que ça ! Il me raconte ses aventures survenues lors de ses nombreuses missions à l’étranger. J’avance vers Mayenne, les discussions sont plaisantes et les nouvelles de ma compagne sont bonnes. Peu à peu je me calme et la sérénité me gagne. Le destin a certes mis des obstacles sur mon chemin mais il semble finalement se montrer clément à mon égard.

Compréhensif, le colonel nous annonce des pauses très courtes. Ainsi, il gagnera 30minutes sur l’horaire annoncée. Bref, il m’a juste sauvé et je lui en serai éternellement reconnaissant. D’ailleurs, il a tenu à connaître le dénouement de l’histoire et je n’ ai pas manqué à mon devoir 😉 . Il est 15h45 et nous arrivons enfin à Nantes. Je récupère vite ma voiture et je file vers Mayenne située à 2h de là.

Niveau météo, je passe de 30 degrés à 18 et le soleil de plomb fait place à des pluies diluviennes. Avec la visibilité réduite et la fatigue très importante, je suis à cran. Je prends très souvent des nouvelles de ma compagne.. Après 13h de voyage, j’arrive enfin à la maternité… à temps et surtout très soulagé …

1h après mon arrivée, le travail commence. Encore une fois, je me retrouve impuissant face à la souffrance de ma compagne. Je tiens mon  rôle de figurant du mieux possible en tâchant de montrer le moins possible mon total désarroi.

Finalement à 22h, Alyssa viendra au monde pour le plus grand bonheur de ses deux parents.

Je suis aux anges et je profite de ces moments privilégiés avec ma fille. Progressivement, la tension extrême contractée pendant le week-end s’évacue et une profonde fatigue me gagne. Je peine à tenir debout et vers 2h du matin je me couche.

Mes yeux se ferment …

Dans ma tête, les images de ce week-end tumultueux se bousculent : les erreurs de trajets, les repas et les discussions avec les potes, la course, l’angoisse dans la voiture, le vol raté, le retour improbable, l’accouchement, ma fille…

Je prends surtout conscience d’avoir vécu l’un des moments les plus forts de mon existence.

Je ne sais pas qui avait écrit ce scénario improbable mais heureusement qu’il avait prévu une Happy End à l’histoire… Vive la vie!

Je tiens à remercie Léo Climber et les autres membres de la team pour ce week-end de folie.

Je remercie également mes partenaires qui me soutiennent: La Frappadingue, Nutrisens et Accessoire Running.

Je salue tous les amis et coureurs que j’ai pu croiser là-bas comme Greg et Carla notamment.

Je vous dis rendez-vous rapidement pour de nouvelles aventures que j’espère un peu moins folles et surtout…

ENJOY