Spartin Perrier est un des tous meilleurs français en course à obstacles. Vainqueur de la dernière Spartan Race Beast de Hawaii, Spartin nous a fait l’honneur de rédiger son reporting des championnats du monde de course à obstacles ! Il est membre de la team Athletics8.
Samedi 25 Octobre 2014, à Oregonia dans l’Ohio, l’atmosphère est différente. Différente de celle que l’on rencontre dans toute autre OCR (« Obstacle Course Race »), que ce soit Spartan Race, Tough Mudder, BattleFrog, etc. L’atmosphère est différente ce weekend car nous sommes aux tout premiers OCR World Championships. Ici, pas de place pour le marketing agressif d’une course privée pour faire croître sa part de marché aux dépens d’une autre, ici, tout a été conçu pour les coureurs et pour unifier le sport (« OCRUnited »).
Si les OCR sont généralement ouvertes à tout le monde, que l’on soit un compétiteur acharné et très bien préparé, un coureur occasionnel ou un « couch potato », cet OCRWC 2014 en revanche n’accepte ses participants que sur qualification via une performance dans une autre course. Conséquence ? Tout le monde ici est passionné par le sport et a l’intention de tout donner pour obtenir le meilleur résultat possible. La plupart des coureurs viennent des Etats-Unis bien entendu, mais des contingents suédois, britanniques, australiens, sud-africains, canadiens, mexicains ou français sont également présents, et selon les rumeurs, certains coureurs ne sont pas là pour faire de la figuration…
Le samedi a lieu la compétition individuelle, lors de laquelle après les divisions « Elite » (homme et femme) qui couronnent officiellement les meilleurs athlètes du monde en OCR, chaque compétiteur se mesure directement et uniquement à ses rivaux dans sa catégorie d’âge (13-17, 18-24, 25-29, 30-34, 35-39, 40-44, 45-49, 50+), ce qui donne une motivation supplémentaire par rapport aux courses habituelles où il est impossible de se situer face aux autres coureurs. Le dimanche est réservé à la compétition par équipe (4 hommes, 4 femmes ou 2 hommes + 2 femmes).
En arrivant pour le weekend, tout le monde se pose la même question : comment sera le parcours ? Ce que l’on en sait, c’est que c’est une amélioration du parcours utilisé pour Mud Guts and Glory, réputé pour ses obstacles de qualité et ses pentes diaboliques. Et en effet, s’il est bien une chose qui a fait l’unanimité ce weekend c’est bien la qualité et la difficulté du parcours, très intense en obstacles (plus de 50 sur 13 km de terrain) et presque jamais plat (environ 1 300 m de dénivelé positif), avec de nombreuses montées et descentes si pentues que des cordes y ont été installées pour favoriser leur franchissement !
En termes d’obstacles, on a pu croiser des classiques de l’OCR : ramper sous du fil barbelé sur des distances allant de 30 à 100 m, grimper une corde sans noeuds sur 4 ou 5 mètres, escalader des murs 1,50 m à 3 m, porter des seaux ou des sacs de sable de 25 kg sur terrains accidentés, traverser une poutre en équilibre, etc… mais également des obstacles « signature » qu’on ne retrouve pas ailleurs tels qu’une immense échelle de 15-20 m de haut, des monkey bars en forme de V qui descendent puis remontent, un water slide [NDLR : Toboggan aquatique] de près de 100 m allant à une vitesse folle et enfin le Platinum Rig, obstacle très ingénieux qui permet différentes dispositions de cordes, anneaux, barres ou chaînes qui rendent la traversée sans toucher le sol de « difficile » à « extrêmement difficile » ! En l’occurrence, la disposition choisie pour le Platinum Rig s’est avérée un brin trop difficile étant donné la règle de la compétition rendant le franchissement de tout obstacle obligatoire (pas de pénalité de temps ou d’exercices tels que les burpees ici). Conséquence ? Environ 50 % des athlètes masculins et 90 % des athlètes féminines ont été disqualifiés du classement officiel car ils étaient incapables de compléter cet obstacle.
Au niveau des résultats, le Platinum Rig a largement impacté le classement féminin puisque Claude Godbout et Corinna Coffin, les deux favorites, sont arrivées en tête de la course à ce diabolique obstacle (à mi-parcours) mais ont été incapables d’en venir à bout, observant, impuissantes, leurs rivales réussir l’obstacle et filer vers la victoire. Le podium revenant finalement à Siri Englund (Suède), Cassidy Watton (USA) et Amy Pajcic (USA), 1ère, 2ème et 3ème respectivement. Chez les hommes, les pronostics les plus courants ont été gagnants puisque les première et deuxième places sont revenues aux deux premiers du Spartan Race World Championship un mois plus tôt, Jon Albon (Royaume Uni) et Ryan Atkins (Canada), tandis que la légende de l’OCR, Hobie Call (USA), prenait la troisième place du haut de ses 37ans.
Coté Français, Amélie Soulie-Leung et moi-même : Martin « Spartin » Perrier avons malheureusement tous deux été vaincus par le Platinum Rig et, si nous avons pu terminer la course, nous n’avons pas pu figurer dans le classement officiel. Le lendemain, Amélie a dû renoncer à la compétition en équipe à cause d’une blessure à la cheville lors de l’épreuve du samedi, l’équipe French Fries a alors bien participé mais j’en étais le seul représentant français parmi les 4 coureurs.
Ce qu’il faut retenir de ces premiers championnats du monde d’OCR, c’est la qualité remarquable du parcours, du staff et de l’organisation générale ainsi que la motivation des coureurs et leur enthousiasme sans limite face au succès de l’évènement. D’autres courses telles que Spartan Race ou Warrior Dash organisent leurs propres « World Championships »mais à ne s’y pas tromper : l’OCRWC est le seul « vrai » Championnat du monde d’OCR indépendant. Les inscriptions sont ouvertes pour l’année prochaine, mais les places sont limitées et très prisées donc avant de s’inscrire, il va falloir s’y qualifier et prouver que l’on mérite sa place dans ce weekend annuel déjà mythique.
Crédits Photos si aucune mention : Spartin Perrier