Alors que les coureurs loisirs se frottent encore aux obstacles du tracé d’Esbjerg au Danemark, Obstacle fait le bilan de ces troisièmes championnats d’Europe portés par la Fédération Européenne des Sports d’Obstacles.
Les résultats
Après les sacres de vendredi sur la distance courte, Le Britannique Jon Albon et le belge Thibault Debusschere ont été sacré champions d’Europe de courses à obstacles sur le format standard. Chez les femmes, Eszter Hortobágyiová s’impose. Par équipe, les titres reviennent à la Team Hang On the Netherlands chez les hommes, la Team OCRvest.eu en mixte et KatAniMic by fussion chez les femmes.
Du côté des Français
Après l’hécatombe du vendredi, Jérémy Michel (Aroo OCR Crew) décroche la 50ème place en Élite sur cette épreuve, Sébastien David (Élancia) est 53ème, Emmanuel Deschamps (FOR) 57ème, Xavier Régnier 64ème, Victor Llapasset 85ème.
Anouk Garnier et Baptiste Aribaud (Les Bisons) repartent du Danemark avec une médaille de bronze chacun décroché dans l’épreuve standard en catégorie 25-29 ans [Photo : OCR France]. 16 français terminent également cette épreuve et ramènent en France leur précieux bracelet synonyme de réussite de l’intégralité des obstacles !
Dr Jekyll & Mr HydeUne course fantastique, un championnat médiocre
Les championnats d’Europe EOSF 2018 resteront dans l’histoire comme l’une des courses à obstacles les plus difficiles jamais organisées. Anouk Garnier s’amusait, sur Instagram, que l’obstacle le plus facile était probablement une épreuve commençant par un trampoline et enchaînant par des barres à passer façon trapèze volant.
Par sa difficulté et la complexité des épreuves, cette course a séduit tous les participants en quête de difficulté. Les super structures comme le dominator XXL ont provoqué une hécatombe et en particulier sur le premier jour où il était présenté dans sa version complète. Avec ce point de vue, l’événement était grandiose.
Ces épreuves auraient été probablement parfaites si cette course n’était pas le théâtre des championnats d’Europe de la discipline.
Un championnat court de difficulté
Il faut se rappeler que le but des Championnats d’Europe de Courses à Obstacles n’est pas de sacrer la meilleure et le meilleur spécialiste du franchissement d’obstacles. Ce n’est pas une épreuve de difficulté pure où seuls les plus agiles sur les épreuves restent à la fin. C’est une épreuve équilibré où les meilleurs doivent savoir passer des obstacles réellement technique le plus rapidement possible et courir pour franchir, en premier, la ligne d’arrivée. C’est une course, à obstacles.
Avoir un Championnat d’Europe où le podium féminin Élite de la distance courte ne comporte qu’une seule femme car les autres n’ont pas terminé la course n’est pas une honte pour les participantes mais une honte pour l’organisation. Une organisation et une direction de course qui ont probablement voulu se faire plaisir et organiser des championnats de difficulté d’obstacles comme on peut l’observer en escalade. Mais à la différence de ces épreuves où l’échec est anticipé et les places d’honneur sont ensuite attribuées à celles et ceux qui sont allés les plus loin, lors de nos championnats, les podiums sont restés quasiment vides notamment pour les catégories féminines tandis que chez les hommes, le terme de courses à obstacles était également à oublier puisqu’au-delà de la quatrième place chez les Élites, le temps de parcours était supérieur à l’heure pour une épreuve de quatre kilomètres !
Après avoir écouté les critiques de très nombreux élites, l’organisation a eu le mérite de faire évoluer son tracé entre le 4k et le 12k et de le rendre plus accessible pour permettre une vraie compétition. Et ce fut le cas mais malgré cette évolution, l’épreuve restait extrêmement complexe puisque seulement 20 femmes sur 350 l’ont terminé dont 13 en Élite. Souhaite-t-on exclure les femmes de notre discipline ? J’en doute fort : il est temps de réellement penser à elles !
Pourquoi était-ce si difficile ?
Sur le papier, chaque module des obstacles était parfait pour la discipline y compris les mouvements les plus complexes. Le problème n’est pas à aller chercher dans la technicité individuelle des mouvements demandés mais dans l’association de ces modules pour créer des structures géantes. Ce sont elles qui ont entraîné une augmentation drastique de la difficulté. Avec jusqu’à 9 épreuves différentes réunies dans un seul obstacle, c’était Frankenstein qu’il fallait affronter. Parfait pour une épreuve de difficulté, beaucoup moins pour une course.
La solution trouvée par l’organisation est bonne pour la discipline : ce n’est pas la difficulté d’un obstacle qui fait le niveau d’une course mais cette fameuse combinaison qui crée de méga-structures. En re-découpant les blocs pour en faire des obstacles plus cohérents, la direction de course a revu sa partition avec des obstacles très techniques, oui mais avec du run entre les éléments. Ouf !
Au-delà de la course, d’autres cafouillages
En interdisant au spectateur de donner de l’eau aux participants sous une chaleur folle lors de nouvelles tentatives d’obstacles, l’organisation a fait une autre erreur problématique. Elle l’a corrigé le samedi en autorisant l’assistance en eau lors des nouveaux essais.
Le dernier point problématique est la méthode d’attribution du classement final. Alors qu’ils sont tous les deux partis sur le même départ, Jon Albon a initialement été désigné vainqueur des championnats en distance standard alors que Thibault Debusschere avait passé la ligne avant lui. La raison ? le coureur britannique avait passé le tapis de chronométrage du départ une seconde plus tard que le belge et l’écart sur la ligne d’arrivée était inférieur.
Dans un post Instagram, Jon Albon a refusé son titre. Pour lui, il n’avait pas gagné la course. Quelle course en ligne avec un même départ arrêté pour tous les athlètes Élite fait un classement au contre-la-montre ? Une solution de compromis a été trouvée en obtenant deux champions d’Europe mais l’événement n’en ressort pas grandi.
Bref
Nous retiendrons de ce weekend une sublime épreuve de difficulté qui a ravi les participants à la recherche de franchissements presque impossibles mais un championnat qui ne met pas la course à obstacles en valeur. Gageons que la Pologne qui hébergera les prochains a retenu la leçon pour la course à obstacles.
Et, pourquoi pas, imaginer une épreuve de difficulté d’obstacles pour compléter la course à obstacles comme il existe les épreuves de vitesse et de difficulté en escalade.
Article rédigé avec notre chroniqueur Bruno Faget, à Esbjerg.