Est-ce que l’Izenah Xtrem mérite sa réputation (et son titre) de meilleure course à obstacles de France ? J’ai mis le cap sur l’Île aux Moines, en Bretagne, pour vérifier cela !

Sur le quai de Port-Louis, j’attends mon bateau pour traverser le Golfe du Morbihan. Nous sommes la veille de la course et déjà, les paysages et la lumière sont sublimes. Si organiser une course à obstacles au cœur d’un parc naturel protégé relève de la pure folie, le résultat s’annonce déjà fantastique.

Au départ, pas de pavés : la plage

Je m’élance dans l’une des premières vagues : celle de 9h20. Nous sommes plus de 3700 participants à nous lancer dans cette épreuve de 13 ou 8 km qui comporte, pour sa version la plus longue (la mienne), plus de 30 obstacles. Sur la plage, une très large majorité des participants est venue en équipe.

L’échauffement obligatoire à toute épreuve à obstacles est court mais tonique. En 5 minutes, toutes les postures sont travaillées pour éviter les blessures et préparer notre corps à l’effort.

Où est Charly ?

Le compte à rebours est lancée, les secondes s’égrainent. Sur la plage, dans le sable, je me lance dans l’Izenah Xtrem. Lors de cette épreuve, je termine le test du sac à dos Ultrun S Pack de Compressport. Sans spoiler le résultat, je l’emmènerai volontiers sur mes prochaines courses à obstacles.

Dès les premiers hectomètres, la course est un régal pour les yeux. Entre terre et mer baignés de lumière, le parcours longe des forêts, traverse des plages, circule dans de typiques hameaux. L’Île-aux-Moines est sans conteste l’un des plus beaux sites pouvant accueillir une course à obstacles. Et c’est l’une des forces de l’épreuve. En alliant paysages, efforts et épreuves de qualités, l’Izenah Xtrem est une machine à souvenirs.

Sur les premiers kilomètres, les obstacles sont simples et assez espacés (filet, palissades, élastiques…). Plusieurs temps de liaison ponctueront la course. Ces transitions sont principalement causées par le classement en zone protégée de l’Île mais, heureusement, la beauté des zones traversées compense largement ce point.

Catapulte & bain de mer

Le premier obstacles impressionnant se dévoile dans un virage. Une gigantesque structure gonflable est posée sur les eaux du Golfe du Morbihan. Un saut dans l’eau et je grime sur cet enchainement d’objets flottants. La première poutre est plutôt technique et m’envoie me baigner avec une certaine vitesse. La structure est conclue par un toboggan à catapulte : un vrai bonheur.

Sans même avoir le temps de me sécher, je fais face une structure en A et deux palissades d’environ deux mètres. Ces deux formalités passées, un nouveau temps de course m’emmène vers une nouvelle zone d’obstacles composé d’un ventr-y-glisse et d’un ensemble de fosses de boue.

Quand les obstacles se corsent

Après une courte course, un sac de 20 kilos m’attend et au milieu du parcours plutôt raide pour cette petite île sont posées des poutres. L’exercice est technique et demande de la concentration… mais je passe ! Pour célébrer cette petite victoire (et me rincer des bains de boue précédents), je vais me jeter dans la mer avec quelques autres participants. En fin de boucle, un long dessus-dessous attend. Je passerai les premiers éléments proprement avant de capituler et de continuer ma course.

Sur la route qui mène au prochain obstacle, des bénévoles arrêtent ma course et me font rejoindre un groupe de coureurs masculins. Au sol, nous devons tenir une position de gainage : la planche pour une durée indéterminée. Et pendant que les hommes résistent, les femmes sont mises à contribution avec un exercice peut-être encore plus physique : passer toute la rangée de dix coureurs en alternant burpees et sauts à pieds joins au dessus de nous.

Une corde lisse, un poids à hisser et le premier ravitaillement nous attend. Idéalement placé, il permet d’observer les différentes tentatives des participantes et participants à se hisser au sommet de la rampe. Avec les pluies des derniers jours, le bois commence tout juste à sécher et l’ascension se révèle impossible. Après un premier essai pour monter directement au sommet, j’arrive à m’élever jusqu’aux prises d’escalade disposées sur le côté. En haut de la structure, la vue sur le Golfe du Morbihan est, une nouvelle fois, sublime.

Une longue phase de transition ponctuée d’un rampé, d’un réjouissant filet horizontal, d’un mur vertical de pneus et de deux planches irlandaises nous emmène vers un autre bras de l’île en forme de croix.

Des bras, de la boue et du vertige : les obstacles des titans

Avec la zone d’obstacles suivante, la course se fait encore plus technique. Loin des courses purement fun, l’Izenah Xtrem est un véritable défi physique dans sa distance la plus longue (13 kilomètres). C’est une épreuve complète pour toutes et tous les athlètes. Et pour convenir à chacune et chacun, l’organisation a eu la très bonne idée de mettre à disposition une version plus accessible des obstacles à l’ensemble des épreuves.

Deux pans et des anneaux en bois forment le premier obstacle de bras. Il est suivi d’un monkey bar particulièrement agréable. Pour les moins habitués à ces classiques de la discipline, une slackline est posée sous les anneaux et une poutre permettait d’échapper aux échelles de singe.

Après une nouvelle zone de boue, la structure la plus impressionnante de toute la course se pose devant moi. Un monstre de bois, de cordes et de métal. Pour y accéder, des cordes ou des prises d’escalades. Une fois sur la bête, un pont tremblant, un pont de singe et une très impressionnante poutre formait une combinaison vertigineuse. Sous nos pieds, à un mètre de hauteur, un filet est présent pour éviter les blessures en cas de chute. La descente envoyait également des frissons avec, au choix, deux cordes lisses, une échelle de cirque ou une rampe de pompiers.

Fatigue et derniers kilomètres

Après cet obstacle fort en sensation, une nouvelle liaison m’attend pour m’emmener vers l’arrivée. Les jambes se font lourdes et le passage de course en sac, pourtant simplissime, se transforme en véritable épreuve.

Un dernier passage de course et j’arrive sur le centre du bourg deux heures quarante après mon départ. Si les médailles sont en option, le ravitaillement détonne : je n’avais encore jamais participé à une course où vin blanc et huitres étaient proposés aux finishers !

À faire, les yeux fermés et à refaire encore

Est-ce que la course méritait son trophée en 2018 ? Oui.

L’Izenah Xtrem est l’une des toutes meilleures courses auxquelles j’ai eu la chance de participer dans ma vie. Ce n’est pas uniquement pour son cadre, ce n’est pas uniquement pour son tracé, ce n’est pas uniquement pour ses obstacles. C’est pour un tout. Une expérience globale depuis l’embarquement en bateau jusqu’au retour sur le continent.

Ce n’est pas une course parfaite non plus : la vague élite a vu un manque de bénévoles sur certains passages, le retrait des dossards pourrait être plus lisible, il manquait peut-être un tapis ou plus de sable sous les cordes lisses… Mais en prenant en compte tous les participants sur tous les obstacles, en créant des structures pharaoniques sur une zone protégée, en posant des obstacles sur la mer… Je pourrais refaire ici tout l’article que vous venez de lire.

Il n’y aura pas d’obstacles d’or cet année mais l’Izenah aurait été l’une des plus sérieuses candidates à sa succession pour le titre de meilleure course à obstacles en France.