Après l’excellente impression que m’avait laissé la Water édition de Nimègue et surtout désireux de me qualifier pour les championnats d’Europe OCR, je m’étais inscrit à cette Strong Viking mud édition de Gand. Au passage, je trouve qu’il est vraiment dommage de devoir se déplacer en Belgique pour trouver des courses qualificatives. Vivement que d’autres franchises compétitions se développent en France !
Après 8h de trajet et une soirée bien sympa avec la team HCT de Brice, nous nous rendons sur le lieu de course. Tout d’abord, nous avons été surpris en constatant l’absence de signalétique sur la route mais grâce au GPS nous sommes arrivés à bon port. Du vaste parking gratuit, nous avons dû marcher 1km pour accéder au village. Ensuite, l’arche « Strong Viking » sous laquelle nous passons annonce la couleur et donne un côté très pro et sérieux. Ce sentiment se renforce à la vue des grosses structures à la Ninja Warrior qui m’impressionne. Ça s’annonce vraiment génial ! Puis, je récupère ma chasuble OCR Séries, ma puce à attacher à la cheville et un bracelet pour recevoir mon tee-shirt finisher à la fin de la course.
Pour information, l’OCR SERIES est un mini championnat propre à Strong Viking avec une finale qui aura lieu fin juin. Pour se qualifier, il faut finir dans le top 100. Aussi, les 100 premiers au classement portaient une chasuble jaune et les autres un bleu.
Sur le village, on trouve des stands de nourriture, de boissons (alcoolisés) et de partenaires. Aussi, le confort des coureurs est vraiment privilégié : des grandes tentes chauffées pour se doucher et se changer sont présentes ainsi qu’une consigne. Vraiment le top !
En nous échauffant, Geoffrey Nicolas qui a déjà couru les 2 premières épreuves du championnat me briefe et me distille quelques conseils avisés. De toute façon, j’arrive peu stressé avec l’idée de découvrir une nouvelle franchise et de tout donner comme d’habitude. Je sais que le niveau est extrêmement relevé avec les meilleurs belges et hollandais présents plus quelques européens comme Luis Barbe par exemple. En outre, comme j’avais pu le constater à la 24 km de la Gladiator Run, les distances supérieures à 15 km ne jouent pas du tout sur mes forces. Dommage que l’OCR Series ne se soit pas calée sur le format des championnats d’Europe. Tant pis, on fera avec.
Avec 20km et 45 obstacles plus relevés qu’à l’ordinaire, le challenge allait être au rendez-vous et ça tombe bien, je suis venu pour ça.
L’ ambiance monte d’un cran alors que l’heure du départ se rapproche: la musique électronique résonne, le speaker hurle des phrases en hollandais et en anglais (franchement je ne comprends pas grand chose mais c’est sympa quand même) et la grosse plate-forme de départ crache des flammes… Bref, ils sortent l’artillerie lourde en terme d’effets visuels. Génial !
Ça y est, je me rends sur l’aire de départ. Les dossards jaunes passent le mur de 2m50 et vont se positionner proche de la ligne de chronométrage. Quant aux bleus dont je fais parti, ils doivent patienter derrière le mur. Je me trouve en première ligne à discuter avec Xavier Régnier, impatient de me lancer dans cette nouvelle aventure. Après le décompte bruyant, le départ est donné et les concurrents derrière moi me porte pour que je franchisse au plus vite ce premier rempart. J’opte pour partir sur un rythme plus élevé que prévu pour reprendre un maximum de personnes avant les premiers obstacles. Au bout de 500m , c’est la montée de corde à 3 m. Je dois le refaire deux fois car j’ai touché le montant en bois au lieu de la cloche mal située 1 m à côté. Je vois certains participants courir sans s’arrêter… Derrière, nous courons en file indienne dans un fossé boueux. Certes, ça permet d’étirer le gros flux de coureurs mais en 1 km, il était quasi impossible de reprendre les coureurs plus lents que moi. Aussi, je suis contraint de ronger mon frein durant 1 km environ dans ce single. Sauts par dessus des gros rondins situés à 1m20 , la poutre d’équilibre agrémentée de difficultés, des coups de masse à donner sur un rondin, un ramping et des dunes de boues constituent le premier set d’obstacle. Je suis plutôt bien à une allure de 15 km/h et j’arrive à mieux relancer que d’habitude : de bonne augure pour la suite.
Je remonte les coureurs petit à petit jusqu’au 7ème km environ en maintenant ce rythme. Tirage de rondins de bois, le soulevé d’un Kettlebell de 32kg à l’aide d’une corde ainsi que le long porté de masse et de bouclier viking constituent les premières épreuves de force. Je passe tout ça plutôt bien.
Après le gros plan incliné plutôt simple, je peine un peu à franchir les murs inclinés assez hauts. J’essuie un petit coup de moins bien. C’est à ce moment-là que Jocelyn Meshin et Corentin Hénon, plus à l’aise que moi sur les obstacles me reprennent. J’ai couru une bonne partie de la course avec eux, c’était vraiment sympa.
Les kilomètres et les obstacles s’accumulent. Heureusement, le tracé sur sentier plat se révèle être à mon avantage. Puis, j’arrive sur le lancer de masse : la cible paraît toute petite à 10m. Tel Ragnard Lodbrock, je jette mon arme vers mon adversaire de bois. L’objet tournoie avant de lamentablement atterrir… à 5m devant moi. Ridicule ! Je cours le chercher et je file faire ma pénalité. 30 burpees OMG comme sur la franchise casquée. Je pense que 15 burpees aurait été plus judicieux à cet endroit. Malgré cet effort, j’arrive à relancer correctement. Nous sommes toujours ensemble avec mes deux camarades et nous nous encourageons mutuellement. Néanmoins, depuis le dixième kilomètre mon rythme de course à pied a baissé d’un ton. En effet, le premier long porté de sac de 20kg m’aura fait mal et Jocelyn plus à l’aise me prend beaucoup de temps… Je ne le reverrai plus.
Peu après, les épreuves d’agilité et de grip arrivent. Tout d’abord, vous devez effectuer horizontalement huit mètres avec une barre en bois type « mur des champions d’Interville ». J’ai bien retenu la leçon des Europes et je le passe aisément en prise mixte. Ensuite, il faut faire la même chose mais avec une petite corde accrochée au montant horizontal. Ici, je peine à enrouler la cordelette autour de mes mains. Une fois la tâche réalisée, j’ai franchi ça sans encombre. Sans ça, avec mes mains pleines de terre, je chutais. Puis, la tyrolienne « cochon pendu » de 20m épuise mes épaules et mes avant-bras malgré mes gros progrès sur cet agrès. Je le complète non sans avoir lâché pas mal d’énergie. En relançant, je m’aperçois que la pénalité n’était que de 40m en marche de l’ours… Vraiment pas assez et si j’avais su au préalable, j’aurai opté stratégiquement pour cet échappatoire.
Assurément, j’ai passé plus de temps sur le franchissement tout en épuisant ma force de préhension. 100 m en marche de l’ours aurait vraiment été plus judicieux ici. Peu après se présente le platinum Rig, à savoir une barre de singe agrémentée de corde, d’anneaux etc. Techniquement, je ne suis vraiment pas au point et je passe beaucoup trop de temps en suspension. In extremis, j’arrive à faire sonner la cloche en chutant sur la fin. Je remercie Vince Végéta et toutes les compagnes des HCT pour les encouragements réguliers. Je ne suis vraiment pas habitué à ça et ça me surmotive. Bel état d’esprit ! Le soulevé de charge lourde circulaire me mettra bien dans le mal. En gros, cela revient à faire un squat quasi à mon poids de corps et faire 10m en cercle avec la charge sur les épaules. Aux 15km, ma foulée n’est plus aussi efficace : mes chaussures pèsent une tonne, les cuisses s’alourdissent d’un coup et je peine à lever les genoux. Je ne lâche rien et je reprends Corentin qui peine encore plus que moi. Je l’encourage.
Par la suite, le long porté de sac avec une 15 aines de talus de terre et un ramping aura raison des forces qui me restaient. A ce moment, je commence à vraiment avoir hâte d’en finir. A mon goût, c’est trop long mais c’est comme ça. Je sers les dents et j’arrive même à reprendre des coureurs qui craquent complètement. Après une haute palissade sans bas, le weaver (des rondins en pyramide peu inclinée à passer en dessus/ dessous sans toucher le sol) et des barres parallèles, l’aire d’arrivée et ses terribles obstacles à la Ninja Warrior se présentent. Pris indépendamment, je sais que j’ai les compétences pour franchir toutes ses difficultés mais après 20km et un grip réduit à néant, ce n’est plus la même.
Pas le temps de réfléchir, il faut finir au plus vite si je veux avoir une chance de me qualifier. Ainsi, je grimpe sur un petit plan incliné et je ne réfléchis pas trop pour sauter sur la plate forme suivante malgré le vide sous mes pieds. Je descends pour attaquer les roues qui tournent en suspension. Ça paraît simple sauf que je n’ai pas du tout la bonne technique et elles s’immobilisent à chaque fois. Il fallait tirer sur celle d’avant pour augmenter la rotation. Je paie mon manque de pratique. A quand une salle Ninja à Paris ? 😉 Au prix de tractions répétées très énergivores, j’accède à la dernière et je constate que la cloche est ultra loin…vraiment trop loin pour mes petits bras. Je chute sur le dos en tentant désespérément de la toucher et c’est la pénalité. Celle-ci consiste à battre des cordes pendant… 1 minute… 2 à 3 minutes auraient été plus judicieux là aussi. Là aussi il aurait été plus économique d’aller directement à la pénalité. Bref, le concept est sympa mais à perfectionner. Je la finis et je m’aperçois que je n’ai plus de bras. Au vue des pénalités, je ne perds pas plus de temps : je touche le peg board et je file faire le porté de jerrican de 20 kg sur 150 m environ. Je souffre sur cet ultime porté mais je donne tout car on est dans la dernière ligne droite.
Ensuite, je fonce vers la flying monkey, en gros une échelle horizontale avec les barreaux espacés de plus d’un mètre. En tant normal, je passe cela mais il faut savoir que le matin je l’avais testé. Avec le soleil dans les yeux, je n’avais pas pu voir la barre à la réception. Mes mains l’avaient frappée et sans visuel, je n’avais pas pu serré à temps. J’avais ainsi fait une grosse chute sur le dos.
Psychologiquement, je ne me sentais pas capable de le retenter. Aussi, je touche le premier barreau et accélère pour faire mes 25 burpees de pénalité.
A bout de force, je donne tout pour repartir au plus vite vers la pyramide structure qui marque la ligne d’arrivée. J’arrive exténué en haut juste avant la première féminine. Là-haut, je m’assois pour profiter de la vue et récupérer. Je pense qu’une arrivée mieux matérialisée et la remise du bracelet finisher à cet endroit aurait été vraiment plus sympa.
Au final, il m’aura fallu 2h07 pour venir à bout de cette course très sélective. Bien que fier et ayant pris du plaisir, je sais que les 5 derniers kilomètres étaient un peu de trop pour moi et me coûteront de peu ma qualification (12ème sur 42 pour les 10 premiers pris en classe d’âge : dommage). En outre, je me demande combien d’obstacles les loisirs seront-ils en mesure de passer… Pour certains, cela se résumera sans doute à une longue liste de burpees sur la plupart des obstacles en suspension… A noter que pour eux, 2 obstacles spécifiques en coopération sont proposés : le gros mur incliné sans corde et un tirage de voiture. J’ai trouvé ça vraiment top.
Après avoir récupérer, je marche vers des tentes où on me prend en photo. Par ailleurs, en me remettant le tee-shirt finisher, le bénévole m’apprend qu’il n’y a plus ma taille. Dommage car on l’avait annoncé au préalable et il était plutôt joli. De plus, le bracelet noir et rouge remplaçait la médaille finisher. Puis, la douche tiède sera vraiment très appréciable ainsi que le fait de pouvoir se changer au chaud.
Au sein du village, les nombreuses tables permettaient de se restaurer et le public pouvait bien suivre les coureurs car une dizaine d’obstacles se situaient à proximité. Vraiment bien pensé ! Après avoir bien discuté avec les coureurs français et belges présents sur l’événement, il était tant de me lancer dans la dernière difficulté de la journée et non des moindres : le long trajet du retour. ^^
Malgré quelques bémols, la Strong Viking reste assurément une des meilleures franchises européennes. D’ailleurs, c’est à ce jour, la plus belle course à laquelle j’ai pu participer.
J’ai moins aimé :
La distance choisie pour la vague compétition, certaines pénalités peu chronophages, l’arrivée mal définie, l’absence de certaines tailles de tee-shirt, les ravitaillements très légers et rien de solide sur la fin de la course, le départ différé et le long single du début,(j’ajouterai à titre indicatif pour les loisirs : les nombreux obstacles en suspension trop difficiles si on n’est pas très bien préparé.)
J’ai aimé :
Le confort avant et après la course, l’ambiance du village, les pénalités différentes, les obstacles et les grosses structures, le côté très compétition, le parking gratuit, les chasubles avec le numéro, le très bon rapport qualité-prix pour un format beast (80euros), l’implantation du village et les nombreux obstacles visibles par le public.
Je tiens à féliciter l’organisation de la Strong Viking ainsi que les bénévoles et les marshalls de l’association du Bénélux OCR.
Je remercie chaleureusement les HCT et notamment Pat, Jafo, Brice, Vince, Arnaud, Franz et les autres avec qui j’ai partagé cette aventure.
Je remercie également mon coach Léo Climber qui me tire vers le haut et m’aide à toujours aller de l’avant, mes partenaires Accessoire running, Nutrisens sport ainsi que la Frappadingue.
Je salue tous les coureurs que j’ai pu rencontré là-bas et tous les amis qui me soutiennent.
Cette course va laisser des traces : 20km ce n’est pas anodin et je finis avec le derrière du genou brûlé par la corde ainsi qu’avec un tendon très inflammé. Il faut que je récupère au plus vite car dimanche prochain, je serai au départ de la première édition de la Frappadingue à Château Thierry. J’ai hâte !
Je rappelle également que j’ai lancé une cagnotte pour participer au championnat du monde en Canada. Si vous souhaitez m’aider à vivre cette expérience inoubliable, je vous en serai très reconnaissant. Elle se termine dans un mois.
A bientôt les warriors et surtout
Enjoy