3500 participants, de nouvelles distances et beaucoup de neige : c’est l’heure du récit de course (format Super) et du bilan de cette cinquième Spartan Winter Française à Valmorel.

Se lancer dans une Spartan n’est jamais anodin. Cela fait maintenant 7 ans que j’enchaîne les courses à obstacles et, depuis le premier jour, il y a toujours cette sensation particulière au départ. C’est un mélange de stress et d’euphorie, de peur et d’impatience avec, au fond, un peu de folie.

Dans la neige de Valmorel, ces sensations se trouvent amplifiées par le froid et l’attendue difficulté. Il va me falloir affronter non seulement les 10 kilomètres, les 730 mètres de dénivelé positif et les 25 obstacles mais également une épreuve permanente avec une vraie hauteur de poudreuse qui fait particulièrement mal aux cuisses.

Les premiers kilomètres de la course ne verront que peu d’obstacles. Il n’y en aura que six sur la première moitié de l’épreuve dont tout de même l’Olympus et le Bender. En revanche, dès que le tracé rejoint le parcours de la distance Sprint et de ses 5 kilomètres alors la densité devient vraiment intéressante.

Une première partie des 10 kilomètres de la Super légère en obstacles qui s’enchaîne avec une fin de course très dense sur les chemins de la Sprint.

Est-ce là une conséquence des nouveaux formats Spartan ? Une première partie des 10 kilomètres de la Super légère en obstacles qui s’enchaîne avec une fin de course très dense sur les chemins de la Sprint. Ce n’est pas impossible. Il est toutefois peut-être encore trop tôt pour tirer des conclusions sachant qu’il s’agit là de la première course en France sur ces nouveaux formats.

La sensation de me dépasser

Pendant la semaine, les organisateurs ont diffusé sur les réseaux sociaux une vidéo du montage du Bender. Cet obstacle de métal avec ces barreaux en arc de cercle vers le ciel n’est peut-être pas le plus impressionnant visuellement. Et pourtant. Sa verticalité, les tractions nécessaires ainsi que la bascule au somment dans le vide en dévers en ont fait une des plus belles sensations de cette course.

J’ai réellement eu l’impression de pousser mes limites. Tout d’abord, cette sensation est physique avec l’enchaînement des tractions nécessaires pour attraper les barreaux. Elle devient ensuite mentale avec la bascule au sommet. Sur un obstacle comme celui-ci, il n’y a pas d’autre choix que de lâcher prise et de se lancer.

Un tracé exigeant et enchanteur

Avec le passage de quatorze à dix kilomètres de l’épreuve Super tout en conservant le même nombre d’obstacles, l’épreuve aurait pu se trouver simplifiée. Grâce à un tracé particulièrement exigeant. Il n’en est rien comme l’a confirmé le vainqueur de l’épreuve Michka Guillot.

Les organisateurs ont tracé une épreuve réellement exigeante. Elle était effectivement plus courte mais redoutable de difficulté. À mon avis, plus encore que l’année dernière.

Michka Guillot, vainqueur de la Super et du classement général du week-end.

En alternant montées raides dans la neige, descente dans la poudreuse et givre dans les sous-bois sans compter quelques traversées de torrents, le parcours ne laisse aucune chance aux participantes et participants de récupérer. Le ciel bleu et les paysages fantastiques offrent un écrin superbe pour cet effort terrible où il n’est pas toujours si facile de se poser et de lever les yeux.

Après un tour de lac particulièrement facile pour le porté de bûche, le second porté s’avère beaucoup plus compliqué. Si sa distance reste acceptable avec 250 mètres environ, c’est le dénivelé qui se fait redoutable avec des portions à plus de 30 % dans la neige en portant son sac de sable de 18 kilogrammes dans les bras.

Du côté des obstacles, le très aléatoire lancer de boule de neige est toujours présent. Si en approche, il amène une dimension assez fun, il fait beaucoup moins rire au moment de faire le trente burpees de pénalité.

Les obstacles de bras étaient bien représentés sur la course avec un monkey bar classique, l’Olympus, le Twister, le Bender et le Multi-rig. Sachant que les épreuves de neige laissent moins d’espace généralement à ce type d’obstacles, cette configuration donne beaucoup d’espoir pour le reste de la saison.

Sur ces obstacles, la sensation ressentie au moment de faire sonner la cloche est toujours aussi incroyable. Ce son est de ceux dont on ne se lasse pas.

Nous sentir vivant

Juste avant de franchir la ligne, le mélange d’émotion au départ s’est effacé pour laisser la place à un seul sentiment : la joie pure. Le lâcher prise est total. Les sensations sont brutes. Il y a un côté primaire. On pourrait même appeler cela du bonheur.

C’est peut-être l’un des secrets du succès des Spartan : provoquer une décharge d’adrénaline brute en faisant sauter les athlètes au-dessus des flammes.

Juste avant de franchir la ligne et de laisser la place à la réalisation et à la récupération, ce dernier effort crée un instant mémorable et particulièrement photogénique. À ce moment précis, qui que l’on soit, nous nous sentons vivants. Et les images seront là pour immortaliser ce fragment de seconde pour toute notre vie. Rien que ça.

Bravo Spartan

Encore une fois, Spartan a réussi à créer un événement grandiose en créant un cadre parfait pour qu’une réaction en chaîne se produise. Là où chacune et chacun cherchent à dépasser leurs limites, des bénévoles sont là pour les encadrer, d’autres athlètes font actes de solidarité pour créer les conditions pour que l’on puisse toujours donner le meilleur de nous-même. Et nous sentir vivant.