En décembre 2016, je me suis lancé le défi fou de miser ma qualification aux championnats d’Europe uniquement sur une course : la Suffering Race et son format : Relentless Suffering.
La Relentless Suffering qu’est-ce que c’est ?
Une série de 3 courses : 10 miles (en réalité 22 km), une de 10 km (en réalité 13 km) et une de 5 kms (en réalité 8 km) soit au total : plus de 42 km de course, plus de 100 obstacles à passer et plus de 1000 mouvements de musculation à faire (Abs, squats, tire flips, push ups, burpees…)
Pour avoir la qualif aux Championnats d’Europe et Championnats du Mondes c’est simple (mais en réalité très très compliqué), vous devez enchainer les 3 courses : soit en mois de 6 h pour être qualifié en Elite soit en mois de 8 h pour être qualifié en Catégorie d’âge.
En général, seul 10 à 15% des personnes engagées sur ce format arrive à finir la course dans le temps imparti. C’est à vous de gérer votre effort et de vous arrêter ou nom lors de votre 2ème et 3ème course.
Je savais pertinemment que je prenais un énorme risque mais si j’y arrivais, je réalisais un rêve d’enfant : celui de représenter la France dans une discipline sportive lors de Championnats d’Europe mais surtout je serai venu à bout de la Relentless Suffering.
Le Récit de course
10 mars 2017,
La nuit fut courte entre l’appréhension de la course, me demander si je m’étais assez entrainé et de prendre l’avion à 8h du matin. À 5h, départ de la maison direction l’aéroport Charles de Gaulle (Paris). Décollage à 8h05, nous arrivons à 8h25 avec le décalage horaire à l’aéroport de Birmingham.
Nous récupérons une voiture de location car la course était située à 1h de route et profitons d’arrivée tôt pour visiter la ville de Birmingham et arpenter sa galerie commercial faisant plus de 8km de long (de quoi s’échauffer pour ma course du lendemain).
En milieu d’après-midi, nous partons sur le lieu de la course afin de faire du repérage et en arrivant je vois au loin ces 2 superbes obstacles qui allait me donner du fil à retorde. Un obstacle monstrueux avec un enchainement d’obstacleS à passer et un monkey bars à passer avec des anneaux.
À ce moment précis, je me dis que le niveau va être élevé et espère vraiment que mon entrainement aura suffi. J’essaie à plusieurs reprises ces deux obstacles afin de me rassurer, trouve la technique pour passer les anneaux et rentre à l’hôtel avec moins d’appréhension.
Jour J : 11/03/2017
Après une nuit courte, je me repose peu car le stress est à son comble. Je me lève, prends un petit déjeuner copieux, finalise mon sac et marche vers le village de la course. Notre hôtel était situé à 10 minutes à pied de la course, il s’agissait du Hampton by Hilton.
L’ambiance sur le village est top ! Nous avons l’impression que cette course est très familiale et surtout très bon esprit. Le stress monte, les explications sont données par le créateur de la course qui nous promet que pour ceux faisant la Relentless nous allions vraiment en baver.
La première vague s’élance et après un bon échauffement la vague 2 dans laquelle je suis va à son tour partir. Le départ est donné à 9h20 et me voilà parti pour ma première course annoncée à 10 miles.
Je décide de mettre du rythme dès le début pour ne pas attendre aux obstacles et ainsi gagner de précieuses minutes. Puis ralenti afin de pouvoir tenir en longueur et ne pas de suite m’épuiser.
J’enchaine les obstacles sans encombre, fais les pénalités que les Reapers me donnent avant les obstacles : par exemple 20 Burpees avant de passer une palissade, etc. J’arrive au moment redouté des pneus : Enchainement demontées/descentes avec un pneu sur votre épaule. Cela me permet de gagner quelques places car je cours dans les descentes et plat et marche dynamiquement dans les montées.
Je continue ma course, enchaine ventrigliss, ramping dans de l’eau gelée, dénivelé.
Je vois au loin une queue et me dit qu’en fait mon calvaire commence ici… Le fameux porté de sac de sable.. Votre compagnon ? Un sac de sable de 15/20 kg à porter et vous devez faire un parcours défini sur lequel vous ne faites que descendre et monter. Vous trouverez même des palissades inclinées situé en plein milieu de ces fameuses montées interminables. Cet obstacle est tellement long que je vois les visages de mes amis coureurs se crisper. Nos jambes sont lourdes et le mental est mis à rude épreuve et vous n’avez pas l’impression de voir la fin de cet obstacle.
Une fois fini, je me force à trottiner bien que mes jambes soient lourdes et le mental au plus bas mais je n’oublie pas mon objectif premier et surtout que celle que j’aime à fait le déplacement uniquement pour me soutenir. Je reprends du poil de la bête et enchaine tirage de pneus avec passage de palissage, ramping sous filet, course avec un jerricane rempli au 1/3 d’eau.
Je ne vois pas le bout de la course, elle me parait interminable et beaucoup n’en peuvent plus.
Il fait froid, nous courrons depuis plus de 3h, il pleut, nous sommes trempés, fatigués mais n’oublions pas que nous avons 3 courses à terminer pour avoir notre double qualifs.
J’arrive sur le village et voit la ligne d’arrivée mais avant il me reste à passer : Une palissade de 5 mètre de haut, un obstacle combinant à lui seul 5 obstacles, le monkey bar, une autre palissade afin de pouvoir enfin passer la ligne d’arrivée et avoir terminé ma première course.
À noter : Avant de commencer le combiné d’obstacle on vous demande de faire 10 pompes et de retourner 3 fois un pneu. Je passe les obstacles, et me loupe au milieu du monkey bar, c’est parti pour 30 abdos. La ligne d’arrivée est passée, je viens enfin de terminer ma première course en 3h 42min et 51 sec.
Ma moitié est là, me demande comment je me sens, me recharge mon Camel bag en eau, me fait manger une banane et me donne le timing à respecter sur la deuxième course afin d’être dans les temps. Elle me dit d’essayer faire la 10k en 2h30 pour assurer la dernière course.
Le mental revient, elle me motive et après 8 grosses minutes de pause me voilà reparti, les jambes lourdes mais motivé comme jamais. La voir m’a redonné l’envie de continuer à me dépasser pour atteindre mon objectif. Le public est là pour vous encourager car beaucoup de monde arrête dès la première course.
La deuxième course de 10 km a le même tracé que la première, vous retrouvez exactement les mêmes obstacles et surtout vous voilà de nouveau confronter à ce fameux porté de sac de sable. Après 30 minutes d’effort, je finis de passer cet obstacle et continue de courir afin d’arriver le plus rapidement possible à la fin de cette deuxième course. Les jambes demandent à s’arrêter, le mental lui est la et peu importe la difficulté est prêt à tout donner jusqu’à la fin. La boucle des 10 miles est raccourci et vous ne passerez pas les obstacles avec des pneus à trainer ou porter.
Par contre quelle surprise ! J’arrive à l’obstacle du porté de jerricane et en le soulevant, je me rends compte qu’il est rempli de moitié. Je peine à le monter en haut de la pente qu’il nous demande de gravir, le jette dans la descente et le récupère en bas pour enfin à la suite d’une nouvelle montée le déposer au Reaper.
Il faut savoir que les Reapers augmentent le nombre de répétitions demandées au fur et à mesure que vous avancez dans votre course.
J’arrive sur la palissade de 5m et le plateau du finish avec un genou qui me lance suite à un mauvais appui. La palissade est couverte de boue, j’arrive à me hisser en haut de celle-ci, glisse et tombe de toute sa hauteur. Plus de peur que de mal, je vois que je n’ai rien et continue à enchainer les obstacles.
Je passe le finish line fatigué en squats sautés après avoir passé la dernière palissade (particularité de toutes les fins de course). Je regarde ma copine qui me dit que le timing est respecté, en effet j’ai mise 2h 24 mins et 22 secs pour boucler cette course qui fait en réalité 13 kms.
Ma copine me dit que ça y est, il ne me reste plus qu’une course, que celle-ci fait en réalité 8 km et que je dois essayer de finir la dernière course en une grosse heure et demie.
Au bout de 2min, je repars avec l’euphorie de me dire que je touche presqu’à mon BUT. Rapidement la réalité me rattrape, les obstacles sont de plus en plus durs à passer. Les jambes sont lourdes, blindées d’acides, les bras sont tétanisés, les répétitions exigées par les Reapers avant les obstacles sont de véritable punitions. Mais qu’importe même avec un petit rythme il faut réussir à terminer cette course.
Ma montre m’indique les kilomètres parcourus, et plus je la regarde plus je me rapproche de cette qualification. Je cours tant bien que mal, je souffre, je me sens seul au monde, mais je continue à courir.
J’arrive sur le plateau où se trouve la dernière ligne d’arrivée à franchir au bout de 1h15 et là, surprise, nous n’avons pas tous les obstacles du village à passer mais juste la dernière palissade et les squats sautés à réaliser afin d’être finisher de la Relentless Suffering.
Ma moitié est là, elle m’attend encore à mon arrivée sur le village et parcours les derniers mètres qu’il me reste à mes côtés. Je passe cette ligne d’arrivée, récupère ma médaille et m’effondre par terre.
Après un effort de 7h36, j’y suis arrivé, je n’en reviens pas, je fais partie des finishers de la Relentless Suffering All Terrain 2017. JE SUIS QUALIFIE pour les Championnats d’Europe et du Monde d’OCR !
Le retour à l’hôtel est difficile, je boite, je suis à bout de force mais elle est toujours là à s’occuper de moi.
Nous reprenons l’avion le dimanche en milieu d’après-midi, et à mon retour sur Paris, j’apprends que sur 241 coureurs engagés, je finis 29ème et fait mon premier Top 10 dans ma catégorie d’âge. Sur cette course, il n’y aura eu que 56 finishers et 49 personnes qualifiées.
Il est temps dorénavant pour moi de me reposer, de continuer à m’entrainer pour être au niveau lors des OCREC et OCRWC.