Depuis 2006, il sillonne l’Europe à la recherche des meilleures courses à obstacles. Performer et leader de la F.O.R.Team, rencontre avec Mikhael Plaisant.
Sèb : Qui es-tu Mikhael Plaisant ?
Mikhael : J’ai 44 ans, je pratique la course à obstacles depuis 2006 et une première course en Angleterre. Avant la course à obstacles, j’étais un touche à tout avec une affection particulière pour le trail et les triathlons longues distances. Aujourd’hui, j’habite Paris, travaille dans un service de formation au sein du ministère de l’intérieur et suis à la tête d’une petit team : la French Obstacle Racers Team.
Sèb : Et alors, pourquoi la course à obstacles ?
Mikhael : J’avais découvert ça par hasard lors d’un déplacement professionnel en Angleterre. C’était une Tough Mudder. Au triathlon, je péchais en natation : cela me demandait un volume d’entrainement hyper important et je sentais que je stagnais. Je trouvais le trial sympa mais je cherchais une discipline qui mettait plus en avant des qualités sur le haut et le bas du corps.
Lors de mon expérience militaire, j’ai beaucoup apprécié les parcours d’obstacles et le pentahlon militaire. Quand j’ai découvert la course à obstacles, j’ai beaucoup aimé les différentes dimensions et j’ai trouvé mon bonheur, ce que je cherchais. J’avais fais la Diagonale des Fous, du kilomètre vertical mais mon gabarit me pénalisait car c’était pour des gens beaucoup plus légers que moi. Ma puissance dans les bras et les jambes s’adapte parfaitement au sport.
Je suis ensuite allé faire les premières strongman run. Avec l’arrivée des premières franchises en Europe, j’ai depuis plus couru à l’étranger qu’en France.
Sèb : Tu as vu la naissance de la course à obstacles moderne, quel est ton regard sur cette évolution ?
Mikhael : D’un point de vue personnel, j’aurais aimé que l’évolution se fasse dix ans avant car j’étais beaucoup plus performant même si je ne suis pas encore trop pourri (rires).
Bizarrement, la discipline a énormément évolué car elle s’est développé dans plein de pays d’Europe. Ne serait-ce qu’un nombre de participants, en types de participants et au niveau l’état d’esprit. Sur mes premières courses, je rencontrais principalement des gens qui cherchaient à se tester. J’ai vu Spartan Race arriver et j’ai fais ma toute première Spartan en 2011.
Cette évolution a nécessairement des bons côtés, comme des moins bons. J’ai vu ainsi l’évolution des obstacles, de l’organisation. Les premières courses étaient plus hardcore. La discipline dans l’ensemble a bien évolué que ce soit en ludique ou en compétition. Du côté des coureurs, il y avait des gens très très forts mais qui ont vite abandonné par manque de compétitions à l’époque.
Chaque pays a sa propre mentalité de la discipline. Les courses anglaises ne sont pas du tout dans le même esprit que les courses françaises ou nordiques. Les français veulent du ludique, de l’amusement. Pour les pays nordiques, le ludique est dans l’effort. Ils n’abordent pas les courses de la même manière. Par exemple les Toughest races n’ont pas du tout la même organisation ou le même type de parcours qu’une The Mud Day par exemple et les gens ne l’abordent pas de la même manière.
Les suédois viennent pour faire un effort pur en appliquant le règlement avec le but de franchir l’obstacle à tout prix. En France, sur une The Mud Day ou une Frappadingue, on est dans une course d’amusement avec des copains. Il y a beaucoup de déguisements en France, des éclaboussements, on se jète dans la boue… Alors qu’en Suède, une fois l’obstacle passé, on trace sa route. Au final, en France ou en Suède, les gens s’amusent mais de façons différentes. La course à obstacles en Angleterre est un mix de ces deux esprits. Et cette adaptation aux mentalités fait parti de l’évolution de la discipline. La pratique de l’obstacle s’est beaucoup plus développée dans les pays nordiques. Cela donne des courses vraiment différentes entre chaque pays.
Sèb : Avec ce regard, comment vois-tu le futur de la course à obstacles ?
Mikhael : Ce n’est pas si évident. Si je regarde de ma position, j’ai connu l’évolution de la discipline que ce soit dans l’organisation et dans les courses. J’ai aussi le regard du coureur qui cherche la performance. Et enfin, le point de vue de celui qui monte une team.
La discipline doit pouvoir proposer des courses pour proposer à ceux qui veulent la compétition de concourir, ceux qui veulent se faire plaisir de s’amuser. Il y a de la place pour tout le monde. Sur une course, les élites sont une minorité. La majorité des coureurs viennent se tester, se dépasser ou faire un défi. La catégorie de compétiteurs devrait se regrouper pour se tester lors des courses réellement compétitives face à de vrais adversaires que ce soit en équipe, en division d’âge ou en élite.
Quand tu te considères performer et si tu participes à une course très bien organisée mais qui n’a pas de vraie compétition ; alors tu ne peux la considérer qu’en tant que préparation ou course loisir : pour te faire plaisir. Par exemple, je ne vais pas faire une frappadingue pour faire le cador : cette série n’est pas faite pour ça. Dans les courses loisirs, il ne faudrait pas parler de vague élite s’il n’y a pas de vraie compétition mais de vague « une ».
Pour la performance, si l’on veut représenter notre pays, il nous faudrait nous fédérer pour être plus présents aux championnats du monde de courses à obstacles (OCR World Championships). Ceux-ci rassemblent toutes les séries de la courses à obstacles (Spartan, Battlefrog, Toughest, Championnats nationaux…) que ce soit en individuel ou dans une équipe que l’on pourrait appeler de France. C’est en rassemblant tous les performers de toutes les séries que l’on pourra faire grandir la discipline.
Je pense qu’à moyen terme. L’ensemble des organisateurs devrait suivre le modèle Anglais avec l’OCRA en se rassemblant et se contactant pour promouvoir le développement de la discipline et faire avancer notre sport.