J’attendais cette course depuis de longs mois déjà et ma préparation était axée sur cet objectif. Malheureusement, le sort en a décidé autrement et plusieurs blessures au pied m’ont empêché de courir régulièrement. J’aborde donc l’événement d’une manière très détachée et presque festive. Aussi, je profite pleinement des journées sans pression.
En revanche, le matin de la course en me levant, je prends conscience que je vais quand même courir les championnats d’Europe Spartan, ses 24km , 2000m d+ et surtout ce que je crains le plus, ses nombreux portés interminables. Le stress commence à monter progressivement alors que je rentre dans le sas de départ. Dans ma classe d’âge, le niveau est relevé et j’aperçois de nombreux coureurs qui pourraient être en élite.
Avec 8km de montée consécutive, je décide de partir prudemment car je préfère en garder sous la semelle pour les portées. Après 2km relativement plat sur le long d’un cour d’eau, l’ascension commence. Je prends mon rythme de croisière et je commence à doubler même si cela s’avère compliqué sur ces singles tracks. Ainsi, je mixe entre marche et course et je me sens plutôt bien.
Je franchis les obstacles sans encombre. Avec le soleil, tout est sec et donc relativement aisé pour quelqu’un d’entrainé. Néanmoins, je reste concentré sur le mur d’escalade horizontal et l’Olympus.
La montée est interminable mais je gère bien mon effort. Je suis surpris de voir Arnaud Jacquot, mon ancien coach parti 10minutes après moi me remonter aussi rapidement. Quelques minutes plus tard, c’est au tour de Grégo, mon autre copain de me dépasser. Je les encourage et leur donne leur position : en route vers le podium pour eux. Enfin, j’arrive au sommet où la vue dégagée est juste magnifique. Une pyramide en filet de corde marque le point culminant du parcours et nous voilà parti pour une longue descente assez pentue et technique. Je me sens vraiment bien à ce moment là. En effet, je me suis préservé pour les portés à venir. Ici, j’assure mes appuis pour ne pas glisser et je prends peu de risques. Mes ligaments des genoux se font sentir mais rien de bien méchant.
Peu après, j’aperçois le plan d’eau que l’on devra traverser avec la buche. Carla, mon amie et la super supportrice number 1 en France, est là et me rebooste. Ça fait du bien au moral ! J’appréhendais ce passage aquatique et j’avais même prévu un tee shirt de rechange dans un pochon zippé. En effet, je suis assez sujet aux hypothermie mais il faisait vraiment chaud et au final ça m’a même fait le plus grand bien. Déjà nous sommes à la moitié de la course et je suis étonné par mon état de fraicheur relative.
Je discute pas mal avec Romuald Delannoy et Hervé Amiel avec qui je ferai une bonne partie de la course. Le twister, le retourné puis le tirage des pneus, les murs et d’autres obstacles sont vite franchis. La longue descente m’aura vraiment bien attaqué les ischios jambiers qui commencent à se raidir petit à petit. Ça y est nous voilà dans la seconde grosse difficulté du parcours : la longue montée avec des pourcentages très importants que je franchis à quatre pattes. En montant, j’entends les cliquetis des chaines et je comprends que le premier vrai porté va se présenter. La chaine semble encore plus lourde que d’habitude et la chaleur importante se faire sentir. Je suis parti avec 1l d’eau dans des flasques avec un gilet, 8 gels et 3 pâtes de fruit. Je m’hydrate et mange régulièrement tout en me rationnant pour pouvoir finir.
Le circuit avec la chaine n’est pas long en soi mais la montée fait très mal et je vois Damien des SWAT assis et complétement exténué. Ce n’est pas le seul ! J’essuie mon premier coup de moins bien et je tombe. Je décide de prendre 2 minutes pour boire et manger. Après ce petit temps de récupération, je repars de plus belle pour achever la tâche et relancer dans la descente. Les jambes tiennent toujours le coup et je prends du plaisir à contempler les sommets alentours avec leurs neiges éternelles ou encore à passer entre les troupeaux de vaches. Dépaysement total !
Ça y est c’est la dernière difficulté et non des moindres : le porté de sac placé après 20km. Ce fut juste une horreur : je vous dresse le tableau : 25kg sur le dos, des coureurs arrêtés un peu partout , une chaleur écrasante , un pourcentage de plus de 20% et au moins 600m de montée abrupte…
J’opte pour remettre ma casquette à l’endroit pour m’empêcher de voir le sommet. Psychologiquement ça m’a fait du bien. J’ai également choisi dans cette montée de faire 50m très rapidement avec le sac puis de le poser pour récupérer 30 secondes et ainsi de suite. Cette stratégie m’a permis de gagner pas mal de place et de bien limiter la casse. Il m’était impossible de ne pas le poser à ce moment-là. Tous les coureurs se soutiennent dans cette galère : bel état d’esprit !
Enfin, après 30 ou 40minutes, je pose enfin ce sac et je pousse un soupir de soulagement.
Il doit rester 3km mais je suis cuit de chez cuit et au bord de la crampe. Je trottine comme je peux pour finir non sans perdre pas mal de temps. Bon il faut dire que les autres n’étaient pas au mieux non plus. Dans le village, l’enchainement des haies fait très mal ainsi que le passage du cargo net où j’étais à la limite de la crampe. Sur la slackline, je ne réfléchis pas trop et d’un bond du milieu de l’obstacle, je pose le pied de l’autre côté. YESSS. J’arrive maintenant sur le stand du javelot. Je prends énormément de temps à choisir un spot correct car les ficelles étaient toutes emmêlées….Pas simple ! Je lance ….mal pour une fois en mettant trop de force et me voilà pour la première fois aux burpees. Je m’élance pour la section finale avec la passage dans le cour d’eau où j’ai été vigilant pour ne pas me blesser . A ce moment là , ça aurait été dommage.
Après une dernière palissage, je me présente devant le multi rig où mes amies m’encouragent de manière amusante et je ris de bon cœur. Je sais que je vais franchir cet obstacle sec et que je viens à bout d’une belle aventure. Je savoure ce moment particulier en franchissant le rig avec la manière.
Après 4h30 d’effort et de dépassement de soi, je franchis la ligne d’arrivée en 55ème position sur 121 dans ma classe d’âge et 140ème sur près de 600 tout confondu. Peu importe : j’étais déjà ravi d’être présent et je me suis très agréablement surpris.
Contrairement à l’an passé en Andorre, j’ai réussi à prendre beaucoup de plaisir.
Au village, il y avait beaucoup d’ambiance et tout était réuni pour que les coureurs restent : boissons , snacks, musiques, défis physiques , merchandising , obstacles à proximité et surtout un magnifique soleil. Génial ! J’en ai profité pour discuter avec tous les coureurs que je croise régulièrement et faire de nouvelles rencontres.
Autre grand moment de mon week-end, ça aura été le fait d’accompagner Etienne, le copain et sa sœur atteinte de trisomie sur la sprint le dimanche après-midi. Etienne l’assurait et l’aidait à passer chaque obstacle. J’ai adoré les supporter et ça m’a permis de voir l’état d’esprit qui régnait en vague open également. Elle a ainsi montré que ces courses étaient accessibles si on avait la force de caractère suffisante. Bravo à eux et merci pour ce bon moment !
Bilan
ce week-end à Morzine restera un magnifique souvenir et j’essaierai de revenir l’an prochain quoi qu’il arrive.
J’ai moins aimé :
- le manque de station d’eau sur la fin du parcours,
- il devrait y avoir un départ master et espoir élite,
- l’absence de cellophane sur la paille du javelot,
- la médaille et le tee shirt peu différents de d’habitude.
j’ai aimé :
- le parcours, les beaux paysages, les obstacles, les nombreux encouragements (merci Carla), l’ambiance au village, vivre la sprint avec Etienne et sa sœur, les moments festifs autour de la course, le match de la France, etc
Je tiens à remercier chaleureusement la team Pride or Die , Arnaud Jacquot pour les mois de soutien de coaching, dommage que ça se termine ainsi que l‘Orange Bleue Mayenne pour les excellentes conditions d’entrainement.
Je remercie également Carla et Grégo pour tout ainsi que les autres amis présents (Arnaud, Carole, leurs enfants, Etienne, Mathilde , Lionel, Margaux….) pour les fous rires et autres délires.
Je remercie ma famille qui me laisse partir régulièrement et me soutient dans ce que je fais.
Je salue aussi tous les coureurs que j’ai pu croiser.
Maintenant place au repos un peu puis ça sera 15 jours de trail et de randonnée dans le Jura avant d’attaquer de nouveaux défis tout aussi sympas.
A bientôt les amis et
ENJOY !