Après l’article technique sur les courses dans la neige, abordons aujourd’hui les techniques pour négocier au mieux les obstacles aquatiques lors de vos prochaines courses.
Dans cet article, je souhaite vous apporter des connaissances de base pour que vous puissiez faire évoluer votre technique, et ainsi améliorer votre performance :
- Soit allez plus vite et plus loin avec la même dépense énergétique ;
- Soit dépenser moins d’énergie sur une distance ou une épreuve donnée.
Améliorer ses performances en course à obstacles ne passe pas uniquement par faire des burpees matin, midi et soir et enchainer les wods [NDLR: Workout of the Day, inspiré du Crossfit®] ! En plus du facteur physiologique — la qualité de vos muscles —, d’autres éléments entrent en jeu pour travailler votre performance. Aujourd’hui, nous traiterons de bio-mécanique afin d’améliorer votre technique en vous donant un max d’informations, les plus accessible et les plus claires possibles. Je compte sur vous pour me poser vos questions dans les commentaires si besoin.
Parlons technique
Il n’y a pas de technique universelle pour les obstacles aquatiques. La technique que vous allez choisir pendant l’effort doit prendre en compte vos qualités :
- morphologique : la longueur des jambes notamment,
- physiologique : force et endurance physique,
- tactique : capacité de comparer la situation avec un schéma existant.
Parlons d’hydrostatique
L’hydrostatique est l’étude des forces qui s’appliquent à un objet ou à un coureur immobile dans l’eau. Dans l’eau, votre corps immobile subit 2 forces : le poids qui vous tire vers le fond et la poussée d’Archimède (d’où l’excellent jeu de mot dans le titre 😉) qui vous pousse vers la surface.
Les qualités morphologiques de l’être humain font que la poussée d’Archimède est supérieure au poids. Bonne nouvelle, vous n’allez pas couler ! Ou du moins pas de suite. Alors avant de savoir comment se déplacer vite dans l’eau, il faut savoir comment flotter.
Le corps flottant : Améliorer sa flottaison.
Tout corps plongé dans un fluide subit une poussée verticale dirigée du bas vers le haut qui est égale au poids du volume de fluide déplacé.
La poussée d’Archimède.
En clair : pour augmenter ma flottaison, je dois augmenter la poussée d’Archimède qui est créée en augmentant le volume de mon corps immergé. Par exemple, dans 40 cm d’eau si je m’assoie, j’immerge que le bas de mon corps et je coule, je touche le fond alors que si je m’allonge en immergeant tout mon corps (ou presque), je vais flotter !
Donc quand vous êtes dans l’eau et que vous n’avez pas pieds, mettez le maximum de votre corps en immersion pour augmenter votre flottaison. Surtout les bras, les épaules et la tête.
J’évite les tenues ou les déguisements qui vont absorber l’eau sans augmenter mon volume. Cela augmente mon poids plus que la poussée d’Archimède ne m’aide, à l’image d’une cote de maille, par exemple. Et donc là vous allez couler.
Oui mais ça c’est la théorie, en pratique je vous vois faire sur les courses… vous nagez la tête hors de l’eau. Pourquoi ? Pour être efficace en flottaison et du coup en économie d’effort (c’est plus facile de faire avancer dans l’eau un truc qui flotte) le temps d’immersion du visage doit être majoritaire.
Vous devez apprendre à contrôler votre respiration aquatique : inspiration brève (et qui permet la prise d’infos visuelles) et expiration régulière, lente et contrôlée (pour garder un max la tête dans l’eau)
Parlons d’hydrodynamique
C’est l’étude des forces qui s’applique à un corps en mouvement dans l’eau. Que se passe-t-il lorsque je me déplace dans l’eau ? Hé ben, je galère ! Deux problématiques, la gestion des résistances et l’efficacité de la propulsion. Dans un premier temps diminuons les résistances.
Le corps projectile
Que vous courriez dans l’eau ou que vous nagiez, l’objectif est de générer le moins possible de résistance. Alors comment se forment les résistances dans l’eau. Je vous épargne la formule physique, mais il faut savoir que les résistances à l’avancement sont proportionnelles à :
- La surface du maître couple : c’est la taille du trou que tu fais dans l’eau (dans le plan frontal).
- Le coefficient de forme : C’est la forme de ton corps qui va ouvrir ce trou
- La rugosité : c’est la création de frottement par ta peau ou ta tenue
Sur la technique, ça donne quoi ?
Le mieux, c’est encore de ne pas créer de résistances, donc éviter l’eau, diminuer les temps de contact avec l’eau, éviter le retour de la jambe ou des bras dans l’eau.
Avec de l’eau jusqu’à mi-jambe
Utilise la technique de course habituelle avec montée de genou pour éviter le retour de la jambe dans l’eau
Jusqu’à au dessus du genou
Le retour des jambes se fait sur l’extérieur (ce qui permet de gagner en hauteur), type saut de haie.
Jusqu’à la poitrine : le dauphin !
C’est une technique qui consiste à prendre une impulsion avec une ou deux jambes vers le haut et l’avant, prendre la position de flèche et la maintenir tant que le corps glisse dans l’eau puis enchainer l’opération.
À partir de la poitrine
Nage le crawl de préférence, avec une bonne respiration qui te permet de garder la tête dans l’eau. La brasse est souvent plus rassurante car je garde la tête hors de l’eau, je respire comme je veux et je vois où je vais. Mais avec un niveau moyen voir débutant, ce n’est pas la meilleure des solutions. La tête hors de l’eau implique une faible poussée d’archimède ; le retour des bras et jambes dans l’eau crée de beaucoup de résistance, et le temps fort de la brasse est le temps de glisse qui est inexistant par manque de technique. Je vous donc invite à tester l’alternance de crawl et de nage sur le dos et surtout entrainez-vous avant.
Le corps propulseur
Maintenant que l’on flotte et que l’on ne crée pas trop de résistance, on va avancer dans l’eau. Dans l’eau, les appuis sont dits fuyants : ils sont moins efficaces que les appuis solides. Il faut donc privilégier autant que possible de bons appuis solides, impulsion sur la terre ferme, cordes, rondins, pneus ou autres et ainsi conserver au maximum l’énergie créée par votre propulsion en soignant votre flottaison, en diminuant les résistances et en respectant les temps de glisse. Il arrive d’aller plus vite sans bouger avec une bonne position de flèche, qu’en se débattant.
La loi physique permettant la propulsion est la troisième loi de Newton. Ce qui est important après la puissance de ton mouvement propulseur, c’est l’orientation de la poussé. Augmente la longueur du trajet moteur en faisant des mouvements de grandes amplitudes. Propulse-toi avec une poussée dans la direction du déplacement et dans le sens le plus opposé possible au déplacement. En général, il n’y a pas de grande distance de nage. C’est plutôt des circuits aquatiques associés à des appuis solides.
Soigne la qualité de tes prises d’appuis, l’impulsion puis adopte une position qui génère peu de résistance (flèche) et utilise au maximum la glisse jusqu’au prochain appui solide.
Ouf… Je mesure tout la difficulté de transmettre des conseils techniques précis et de qualités à l’écrit alors qu’il faudrait faire des démonstrations … Si vous avez besoin de précision ou si vous avez des questions, postez un commentaire !
Plus qu’à mettre tout ca en pratique 😉 merci pour ces précieux conseils