Dans la rubrique Points de Vue, le magazine accueille le point de vue des organisateurs, des athlètes et des passionnés de la course à obstacles. Cet article est rédigé par Jérémy L’Hôte de la FadaTeam, l’équipe Élite de La Ruée des Fadas ».
MADRID ou plutôt RIVAS VACIAMADRID, Spartan Race Espagne.
Une Nouvelle Etape Européenne est annoncée en Terre Madrilène. En ce dernier Week end de Mai, c’est tout un petit Monde de passionnés qui s’anime autour d’une même épreuve : La course à obstacles et plus particulièrement La Spartan Race. Phénomène de mode ? Dépassement de soi ? Cohésion ? Défi personnel ? L’aventure ? Le Plaisir ? La compétition et le Challenge ? Tout le monde a son Pourquoi, son Ambition ou ce brin de folie qui le chatouille pour venir en ses contrées éloignées pour en découdre avant tout avec lui-même.
Personne ne le sait encore mais le Week end du 30 et 31 mai 2015 sera une consécration. La consécration tout d’abord d’un « phénomène » : Thomas Blanc. Ce Frenchie, expatrié en Angleterre professionnellement, va marquer d’une croix blanche ce week-end en faisant la passe de 4 : non pas le Hat trick mais bien un quadruplé de podiums. C’est un challenge, qu’il s’était fixé en vu de préparer un ultra trail. On reconnaît bien là un grand : défi Annoncé, défi réussi ! Bravo à toi, Thomas. Tu as été le rey de la compétition ce week-end.
Qui dit ambition, dit également FadaTeam : Marion avait assuré sa qualification aux championnats du monde de Spartan Race, le mois dernier à Orte. Elle est également venue avec des ambitions de dépassement de soi mais aussi et surtout l’envie de monter haut les couleurs de La Rueée des Fadas en faisant un pied de nez aux étrangères présentes sur le circuit.
C’est avec le même engouement et, lancé dans cette spirale de motivation, que je me suis prêté au jeu de « Qui mieux mieux ». Vous ne connaissez pas ce jeu ? La règle est simple : La qualification également en poche le mois dernier, nous nous sommes axé sur une préparation plus pointue en vue de performer.
Équilibre alimentaire quotidien, séances spécifiques d’allure et travail qualitatif, apprentissage de technique personnelle pour mieux appréhender les obstacles… Ce dernier mois a été riche en entrainement et enseignement.
Sans nous cacher notre grand objectif en terme de performance arrive à grands pas : La Ruée des Fadas de Lattes, le 7 juin. Quoi de mieux qu’une Spartan ou deux, la semaine précédente pour se mettre en jambes ?
Plaisanterie mise à part, revenons à nos saute-moutons.Une Spartan Race c’est aussi et avant tout le plaisir de se déplacer sur une manche européenne afin d’y rencontrer les tous meilleurs. La FadaTeam est présente sur les deux Super de ce week-end madrilène. Soit 13 km le samedi avec plus de 21 obstacles et ma même chose le dimanche ! Combien d’obstacles y-avait-il exactement ? voici la liste.
Les obstacles
- Franchissement Dessous / Dessus / Dessous / Boue / Dessous,
- Palissade,
- Franchissement Dessous / Dessus / Au centre,
- Passerelle inclinée avec prises,
- Le passage dans les rangées de pneus,
- Portage de Rondins de Bois (Aller retour) de 300m,
- La benne, une fameuse benne à eau… Totalement vide et sans intérêt…
- Hercule Hoist à poignées,
- Memory,
- Ramping au sec sous barbelés (20m),
- Portage Sac de sable sur 400m (aller-retour) et passage sous un filet !
- Equilibre sur poutre de bois,
- Palissade inversée,
- Roue de Tracteur à basculer à 4 reprises (2×2),
- Dip Walk,
- Annonce du Memory,
- Tir Drag (tirage d une Roue de tracteur),
- Monkey Bar,
- « Tractor Pull » (parpaing de métal à traîner, sans exagérer, dans le sable en aller-retour sur 200m,
- Arrivée dans d amphithéâtre ! C’est aussi un obstacle psychologique car l’arrivée approche, les spectateurs sont amassés en nombre et les obstacles s’enchaînent ! Le Vide entre chaque obstacle étant comblé par des montées et des descentes d’escaliers,
- Le Fameux Javelot dit « Spear Throw » souvent juge de paix,
- Hercule Hoist,
- Un petit tour dans la pampa pour nous faire goûter les joies de 3 fosses de terres,
- Portage de sac de sable sur près de 500 m dont 2 montées/descentes d’escaliers de l’ensemble de l’amphi,
- Montée de corde,
- Cargo-net,
- Ramping de 60m dans la boue et sous les barbelés,
- Palissage inclinée avec corde,
- Les Gladiateurs remplacés par des sacs de frappes,
- Le feu et sa braise,
-
La ligne d arrivée.
Voilà une liste non-exhaustive de 30 ingrédients que les organisateurs nous ont réservés pour cette édition plutôt Trail.
Si on la compare à Orte en Italie, un mois auparavant, où il fallait plutôt avoir le pied humide et marin avec ses nombreuses traversées de ruisseaux et cours d’eau, cette édition Espagnole fut très aride, avec une saveur très sèche en bouche sous une chaleur étouffante. À l’arrivée et sous les douches, enfin plutôt le tuyau d arrosage, on se demanda même si ce qui fait le plus mal, c’est de porter une bûche ou bien de mettre un tee shirt sur les coups de soleil…
Mais et la Course dans tout ça ? Revenons à l’essentiel.
Vendredi matin
A peine installée à l’Hôtel, la FadaTeam part en repérage au profit d’un petit footing à jeûn le cendredi matin. Impatient de satisfaire curiosité et de se dégourdir les jambes en vu des 2 courses qui suivront ce week end.
La Gopro en main, direction le magnifique amphithéâtre de Rivas qui sera le point d’orgue de nos arrivées et de cette grande fête attendue par près de 12 000 Spartan racers.
Samedi Matin, 9h00
L’ensemble des Spartan Racers de la Vague « Elite » sont alignés dans le Sas de départ afin de savourer le parcours concocter par les organisateurs espagnols. « Pfff, ils ont tous l’air plus affutés et endurcis que nous ». Cette phrase, on se la répète et elle revient dès que l’on aperçoit un concurrent ou une concurrente : La course s’annonce relevée.
Mais on a confiance en notre prépa et nos efforts fournis sur ce dernier mois. Allez un petit Stickola pour se donner un coup de fouet. Pas de marquage au sol, pas de kilométrage annoncé, pas de plan de course défini, pas de nombres d’ obstacles définis, aucun repère auxquels se raccrocher… Seule certitude pour chacun des 250 premiers Racers à s’élancer : cette épreuve est une Spartan Race et cela veut tout dire !
La course, ou plutôt la course dans la course. Pas évident de la décrire cette fois-ci car dès le départ, c’est une marée humaine qui enchaine le Dessous-Dessus)Dessous avant d’attaquer une première bosse de 500m qui sera le premier juge de paix des têtes brulées parties « vraiment très vite ».
Au bout d’un kilomètre de course, les écarts se sont faits et l’enfilade de compétiteurs enlace le flan de colline. Ce n’est pas chose facile de se le dire mais la course est déjà finie : la course dans la course commence. La course commence vraiment à ce moment même où on l’on pense que le classement est joué.
L’enchainement des obstacles, la fatigue des montagnes russes, la température qui s’élève, la concentration qui baisse, les forces qui s’atténuent, rendent cette course de plus en plus difficile.
La stratégie est simple sur une Spartan : se placer aux avants postes (dans le TOP 10) et attendre les défaillances des uns et des autres en économisant ses forces afin de ne manquer aucun obstacle.
Cette stratégie avait été payante un mois auparavant à Orte pour aller chercher la qualification.
À 9h45, on est en pleine course. Le deuxième ravitaillement à base d’eau arrive à point nommer pour prendre mon gel (Blast BCAA de STC Nutrition) qui est glissé dans la poche arrière de mon short. Je ne suis pas le seul à être équipé : certains avaient même de la crême solaire (sic !). Coïncidence, c’est au même moment que le concurrent (5ème) qui me précède relâche l’allure. Sûrement un départ trop rapide pour cet espagnol alors que 5 Kilomètres auparavant, il se pavanait avec une foulée aérienne et dynamique au sol.
J’en profites pour faire l’effort et je reviens sur lui en haut d’un faux plat montant qui nous laisse entrevoir un début de civilisation.
À ce moment là, personne ne nous suit, les écarts sont faits et la lutte pour la 5ème place n’aura pas lieu voyant mon concurrent s’écrouler. Au détour de ce virage, c’est la silhouette d’un autre Espagnol que j’aperçois. Ce dernier est en difficulté sur le Dip WalK : Omaginez vous traverser une dizaine de mètres en faisant des dips… Ce concurrent est un vrai coureur à pied, un coureur de fond et les obstacles ont raison de lui.
L’enchainement avec le retourner de pneus decCamions, et le tirage de Pneus aura bel et bien raison de lui et de sa capacité à relancer son niveau de course. La quatrième place est là. Belle et bien là ! Un TOP 5 réalisable si les derniers obstacles sont assurés. Cela fait 3 Spartans que je ne fais plus aucun Burpees de pénalité. Pourquoi pas Jamais 4 sans 3 ?
L’arrivée sur l’amphithéâtre est exceptionnelle. Les spectateurs qui applaudissent, le micro de la speakerine qui résonne en annonçant l’arrivée des premiers… Je me prends à penser à une défaillance au Javelot d’un concurrent me précédent comme cela est régulièrement le cas et notamment en fin de parcours.
Oups ! Avant cela faut-il toi aussi le planter « mon coco ». La pression monte, les spectateurs sont agglutinés derrière nous pour vivre cette réussite ou cet échec… Et ce sont des applaudissements qui accompagnent le planté impeccable de mon javelot en pleine poitrine de « l’ennemi » de paille !
Les 3 premières places sont assurées et je distingue leurs silhouettes dans les escaliers du long, très long, extrêmement long portage de sac. La qualité des forces en présence et l’absence d’applaudissement pour le lancer du javelot de mon concurrent direct me laisse entrevoir une fin de course sans difficulté et sans pression pour garder cette première 4ème place .
C’est exceptionnel et le fruit d’un travail de qualité sur ce mois de mai ! Je n’en espérais pas tant ou plutôt n’osais pas m’en croire capable. Finir sans difficulté au pied du podium, juste derrière le meilleur Français de la Discipline Thomas Blanc… C’est tout bonnement incroyable : je kiffe !!!
Mais si aujourd’hui, j’étais si bien, c’est qu’il va se passer quelque chose de super du côté des filles ! La ligne franchie, les accolades terminées, le plaisir savouré avec Thomas. Je fonce au vestiaire afin d’y récupérer la GoPro… et c’est à ce moment là que j’entends que la première féminine est annoncée à l’entrée de l’amphi.
Pas un instant de doute, je reconnais parfaitement ce gabarit qui m’est si cher et si précieux et le débardeur bleu aux couleurs de La Ruée des Fadas : c’est Marion !
Elle réalise une course exceptionnelle, de bout en bout en tête. Se frayant un chemin entre les gabarits musclés de nombreux concurrents, devant jouer des coudes pour les doubler dans les nombreux single du parcours, réussissant à passer l’ensemble des obstacles sans set de burpees, c’est un bout de femme, le sourire aux lèvres, qui entre dans l’arène pour célébrer une bien belle victoire sur cette manche européenne. Et ce n’est pas le spear throw (javelot), son échec et ses 30 burpees qui vont avoir raison de l’avance sur la seconde ! Le saut au-dessus des flammes, les bras levés pour s’élever ou se soulager… C’est une grande joie et fierté qui envahie Marion.
Cette première Course de la journée, aura été un moment unique pour la FadaTeam. On notera au passage que la 7ème place revient à un français également : Rémi Fantino.
Place à la douche et la récupération pour pouvoir se détendre et profiter à nouveau de ce lieu qui, on aime se le dire, nous réussit bien.
Dimanche Matin, 9h00
Qu’est-ce qui nous a pris ? Le réveil à 7h est un peu, comment dire, en mode Zombie. Vous voyez la démarche dans « The Walking Dead » ? Et bien c’est « The Walking FadaTeam Dead ».
Les tensions musculaires de la veille et la fatigue engendrée nous pousse à nous rassurer que le « job » a été fait et que les places de la veille sur l’épreuve phare du week-end sont belles et bien à nous. Personne ne nous les enlèvera. Mais que les courbatures sont chères payées en attendant ! Sur un week end de Spartan, la possibilité de faire 1, 2 ou 4 courses est une alternative. Nous n’avons pas l’ambition de rivaliser avec Thomas Blanc, qui s’alignera sur les 4 épreuves. Notre ambition est de réaliser 2 superbes courses. Et puis, comme on dit : « quand on est sur un pic de forme, ce n’est pas que pour une heure donnée bien précise ».
En attendant, il faut quand même déverrouiller les articulations et les gaines musculaires mâchées la veille. Dans ce Trip, nous ne sommes pas seuls. Sur la ligne de départ, nous sommes plusieurs à doubler les épreuves, et notamment des Français, 5 pour être exact. Marion et moi-même, Thomas Blanc, Guillaume Solera, et Vincent Di Benedetto.
Notre objectif est la prudence. Notre atout est de connaître le parcours et les difficultés à gérer. Notre stratégie sera la course d’attente et d’expérience. Thomas, un grand blagueur ou un devin, lance et se prend à imaginer au vu des résultats de la veille du camp français : « Et allez, un podium 100% Français ».
On le regarde, on se regarde, personne ne pense que cela soit réalisable. Une course est une course mais ce qui est sûr c’est que la niveau Français est au-dessus du lot sur cette manche même si le Portugal a brillamment gagné la veille !
Le départ est lancé, cela part beaucoup plus vite que la veille ! À moins que ce soit nos jambes qui ne réagissent pas de la même façon. Rien ne sert de se presser, les départs rapides se paient cash sur cette édition Et cela ne loupe pas. On se retrouve 6 français en chasse d’un Espagnol parti vraiment vite. J’ai dit vitre, je voulais dire très très vite ! En même temps, avec un 30’20 au 10 km route, cet espagnol a une pointe de vitesse qui nous laisse rêveur et surtout l’éloigne de nos traces en ce jour.
Ce groupe de poursuivant se relayera tout au long des obstacles selon les habiletés de chacun. Et l’espagnol va craquer sur tous les obstacles techniques et de forces jusqu’à rendre les armes.
Ce sont bien 5 français qui se classent aux 5 premières places ! Thomas blanc toujours en tête de classement et ce sera une belle, et sûrement la plus belle actuellement dans cette discipline pour ma part avec cette 2ème place devant un Vincent Di Benedetto, en mode renard qui viendra, au finish, monter sur la boite. La Spartan Race de Madrid aux Français !
Parallèlement, Marion n’aura cédé qu’une seule place, pour terminer également deuxièe derrière la championne d’Europe en Titre. Rien que cela !
En conclusion : les mots de Marion
Samedi 30 mai et la victoire européenne
« Hey hey, ça y est une manche du circuit européen de claquée : 1ère place élite sur la course phare du week-end Spartan Madrid. Cette fois-ci, j’ai eu le dernier mot sur les Espagnoles, Slovaques et Anglaises… Mais au final je me rends compte que la principale course est face à soi-même : concentration, lucidité, rendement, dépassement de soi…
Contrôler ses pensées et émotions pour passer outre difficulté et douleur causées par l’exigence de la course et mon tempérament de fonceuse 110% permettant d’atteindre ainsi un état de plénitude !
Dimanche 31 mai : “Are you player?”
Allez hop, remise d’un dossard pour une seconde course histoire de savoir pourquoi ce soir j’aurai les jambes et bras démolis. Bilan une deuxième place derrière la Championne d’Europe en titre. Était-elle plus fraîche ou meilleure que moi ? Peu importe !
Test perso : se mobiliser de nouveau, ne pas subir, être acteur de sa course, prendre un max de plaisir : Check. Demain, nous envisageons d’être probablement plus sages… en attendant de vous retrouver sur la Ruée des Fadas de Lattes, le 7 juin !
Bravo à tous les Français présents ce weekend, à notre partenaire de Choc qui nous soutient et fait que nous sommes des Fadas.
Marion Lorblanchet et Jérémy L’Hôte : La FadaTeam.
super article !!
merci
a bientôt