Il est 9h40 et sur la ligne de départ, Inès se prépare pour sa première Spartan Race. La station alpine de Morzine vibre aux cris des trois cents concurrents qui vont s’élancer dans le parcours de la Beast où les attendent, au minimum, vingt kilomètres, trente obstacles et mille six cent cinquante mètres de dénivelé positif.

Comme en 2016, des trombes d’eau s’abattent sur le flanc des montagnes. Après des semaines de canicule, il fait froid. Le speaker égraine les dernières secondes avant de lancer le départ. Dès les premières centaines de mètres, le tumulte du torrent attend Inès et les autres concurrents. La montée en température est rude quand les mollets sont plongés dans une eau à huit degrés.

Les premiers obstacles arrivent : de simples palissades à franchir par dessus et par dessous. Ils seront suivis de la grande structure en A du village Spartan : une échelle géante où les premières marches sont remplacés par une palissade à franchir.

Après une rapide montée dans le centre de la station, le cargo net attend Inès. Ses deux piles de deux containers et son filet, tendu au dessus du vide, composent un obstacle réellement impressionnant pour cette habituée des trails. Au dessus du vide, elle lâche son cerveau et franchit rapidement la difficulté. Avant de se lancer vers la slackline où l’attend ses premiers burpees.

L’Hercules Hoist se dresse maintenant face à elle. Après une rapide observation des autres participants, elle prend la décision de hisser le poids en prenant une position qui lui demande de s’allonger au sol. La technique est efficace et les premiers gros dénivelés s’offrent à elle.

Si Inès s’élance dans sa première Spartan Race, elle n’est pas une débutante en course à obstacles et possède de réelles qualités en trail. Dans les pentes de Morzine et malgré les volumes impressionnants de boue, elle est clairement à son avantage.

La poutre passée, trois obstacles de force l’attendent : la chaîne et son circuit d’environ cinq cents mètres, le pneu de tracteur à retourner et le sac de sable à porter dans une boucle de près de deux kilomètres composée de pistes de ski. La chaîne force sur le dos d’Inès d’autant plus qu’un bouchon ralenti sa progression. Puis, le pneu est retourné à deux. Enfin, la chance est avec elle puisque le sac de sable tendue par le bénévole n’est qu’à moitié rempli.

Avec l’altitude, la température baisse fortement d’autant plus que la pluie a redoublé d’intensité dans le tracé de ce dernier porté. Heureusement, les burpees récoltés lors de l’Olympus Wall puis le porté de pierre sphérique Atlas Lift réchauffent.

Le soulagement n’est que de courte durée puisque la traversée du lac d’altitude approche. Si le plan d’eau est loin d’être glacial, reprendre l’effort en étant détrempée est absolument terrible. D’autant plus que devant elle se présente l’une des principales difficultés de la course : la montée vers le point culminant de l’épreuve et ses trois cents mètres de dénivelé sans interruption.

Après une montée longue et tortueuse, le sommet et son obstacle en filet s’ouvre devant elle à plus de deux mille mètres d’altitude. D’après les bénévoles présents sur place, la neige vient tout juste de s’arrêter. En ce début du mois de juillet où la température avoisinait les trente-deux degrés quelques jours avant.

Sur un tracé technique rendu périlleux par la pluie et le passage de près de mille concurrents, elle s’engage dans la descente. Sa connaissance des trails l’aide grandement dans cette portion que des habituées du bitume auront pu trouver dangereuse. La boue est une composante indispensable des courses natures.

Après une longue portion sans épreuve, le Z-Wall attend Inès. Ces pans d’escalade à franchir horizontalement demandent de la concentration et de la précision. Posément, ses mains agrippent les prises et ses pieds se posent sur les morceaux de bois. L’obstacle est effacé et le tracé peut reprendre en direction de la station avec de nouveaux obstacles de force et une très fraîche cascade à traverser.

Quand elle était petite, une corde lisse trônait au côté de la balançoire. Cet obstacle, pourtant craint par de nombreux participants, n’est donc qu’une formalité pour elle.

Malheureusement sa progression est maintenant ralentie par l’afflux de participants venu de l’épreuve de courte distance. Après de nouveaux passages dans le torrent, Inès est désormais frigorifiée en attendant de pouvoir restituer le memory code donné au départ. « Jamais, je n’ai eu aussi froid de ma vie ». Si bien qu’après avoir réussi le javelot, elle troque le dernier passage dans le torrent contre une nouvelle pénalité en burpees qu’elle doublera en évitant le monkey bars.

Après plus de neuf heures de courses, Inès franchit le feu de l’arrivée avec les honneurs. La médaille verte autour du cou est rapidement accompagnée par une couverture de survie. Pour sa première Spartan Race, Inès a terrassé la Beast, ses vingt-six kilomètres huit cents, ses trente-huit obstacles et ses mille huit cents mètres de dénivelé positif.