Ce nouveau périple me mène à Bouillon, jolie petite cité médiévale située dans les Ardennes belges. Pour profiter pleinement du lieu, j’avais décidé de m’y rendre la veille. En arrivant, je m’aperçois tout de suite qu’il y aura du dénivelé au vue des montagnes entourant la ville. Après une courte reconnaissance et avoir testé certains obstacles, il m’est évident que cette course sera tout sauf une partie de plaisir. Je regagne ensuite l’auberge de jeunesse où je devais passer la nuit. La soirée fut très festive et plaisante. En effet, j’ai eu la chance de tomber sur une super équipe de militaires belges, les gaillards du CIS qui m’ont tout de suite bien intégré. Avec une québécoise en plus dans le groupe, inutile de vous dire que côté accent, ça envoyait du lourd au coin du barbecue à griller des marshmallow et à boire des bières ! Ce fut un super moment que je ne suis pas près d’oublier.
Le lendemain, direction le terrain de football pour retirer le package du coureur qui comprend : un dossard, un bandeau blanc avec notre numéro pour les élites, un ticket pour un repas et la puce à fixer au poignet. Petit à petit, les visages familiers commencent à faire leur apparition : tout d’abord, je reconnais le fameux baroudeur belge Mike Debiasi avec qui j’avais sympathisé sur la gladiator run, puis les swats et enfin les HCT. Au final, nous étions pas loin d’une 20 aine de français dans cette vague élite. Pas de temps à perdre, on nous demande de nous rendre sur la ligne de départ pour un briefing précis sur les règles à respecter. La course étant qualificative pour les championnats d’Europe, nous avions un nombre d’essais illimités pour le franchissement des obstacles mais en cas d’échec nous recevions une pénalité de 10 minutes.
Une cohorte de chevaliers en armure lourde de combat se dresse devant nous et tentent de nous intimider. J’ai trouvé ça fun et raccord avec le thème médiéval. Rapidement, le départ est donné par un vieux mousquet ou petit canon. Ça part vite. Je me cale sur des coureurs expérimentés comme Mike ou Bruno Sparaccio et déjà les premières montées commencent. Après 1500mètres environ, le premier set d’obstacles apparaît. A ce moment-là, mes joyeux gaillards du CIS ainsi qu’une quinzaine d’autres personnes me gratifient d’encouragements du tonnerre. « MATHIEU MATHIEU » Énorme ! Je ne peux m’empêcher de sourire et de lever le pouce…Vraiment des chouettes mecs !
Il faut tout de suite se remettre dans la course car il y a accessoirement un top 10 à aller chercher et je navigue entre la quinzième et la vingtième position. Ce n’est pas gagné mais il reste encore 13 km et pas loin de 500m de dénivelé donc je ne m’affole pas. Quatre dunes de boue et la poutre d’équilibre sont assez rapidement passés. Je suis très concentré en arrivant sur « l’hercules hoist » made in médiéval, à savoir un levage d’une charge d’une trentaine de kilos à l’aide d’un système corde/poulie les mains pleines de boue. Malheureusement, je n’arrive pas à bouger d’un centimètre la charge sur le seul poste vacant, lié à un problème de poulie je pense. Par expérience, je décide d’attendre que le poste voisin se libère et je réussis à monter la charge non sans avoir perdu un peu de temps.
Deux cent mètres plus loin, nous franchissons une structure verticale en filet de cordes de 5mètres puis nous traversons la « Semois », le cours d’eau, à l’aide d’un bateau en tirant sur une corde en groupe. Ça s’enchaîne vite ! Ça y est les deux obstacles que je redoute le plus apparaissent : le tir à l’arbalète et le rig ou monkey bar. J’attends un peu avant de pouvoir réaliser mon premier tir. Le bénévole me prépare mon arme. Ça ne va pas être simple : en effet, la cible éloignée de 10m fait toute petite. Je vise et je tire. Sept centimètres trop à gauche ! Deuxième et dernier essai, j’ajuste en visant légèrement plus à droite mais je repasserai pour le casting du prochain « Guillaume Tell » car ma flèche va se loger exactement au même endroit. Carreau et Bim : 10 minutes de pénalité ! Malgré mes ratés, j’ai adoré cet obstacle original. Ça change !
Coup au moral mais déjà je m’attaque au rig que j’ai réussi à franchir deux fois la veille. La barre horizontale est une formalité mais le plus dur arrive à savoir 6 petits rouleaux à pâtisserie et 4 mini cordelettes bien humides. J’y suis presque : encore 2 cordes puis une. Je lâche ma main droite pour accrocher la dernière cordelette…et horreur… ma main gauche glisse inexorablement et me voilà au sol. Tenir longtemps les bras fléchis en contrôle étant très énergivore, je décide par dépit de rendre les armes après un deuxième essai dramatique. Et de nouveau 10′ de pénalité : au bout de seulement quelques minutes de course, j’avais déjà perdu toute chance de qualification.
Je ne vous cache pas que ça m’a sorti un bon moment de la course et la montée de 10min non stop entre 30 et 40% qui a suivi m’a semblé encore plus dure. Les cuisses et les mollets brûlent mais il faut avancer un pas après l’autre. Au sommet, très vite, le côté plaisir revient et je décide de profiter pleinement de l’expérience. La longue descente en lacet est un pur délice. Je suis en confiance avec mes Salomon S-lab donc je me lance à fond dedans. S’ensuit une partie sur route avec quelques murs inclinés et un lancer de balles dans un panier. J’ai dû mal à élever la vitesse, je ne suis pas au mieux. Puis, nous montons au château par les nombreuses marches. C’est une nouvelle fois très dur et de nouveaux, les jambes sont remplis d’acide lactique. En haut, le passage dans les souterrains du château est vraiment sympa et atypique. On redescend et on file vers la forêt où une montée d’une trentaine de minutes jonchée d’obstacles nous attend. En course à pied, c’est un peu une journée sans, je n’arrive pas à courir autant que je le voudrais sur les gros pourcentages.
Tant pis, le paysage est magnifique et même si c’est dur, je m’éclate. Niveau obstacle, tout d’abord, je rencontre un ventr-y-glisse qui glissait assez peu car il n’était pas assez arrosé puis un long ramping en montée de 60 m et un petit passage dans des pneus de tracteurs qui ont tous deux fait bien mal aux grands gabarits. Ca m’arrangeait ! Peu après, je saute par dessus un feu pour atterrir dans de l’eau gelée suivi d’un passage sur le dos sous des grilles dans de l’eau et enfin je remonte à l’aide d’une corde dans un gros cylindre. Je me suis senti à l’aise grâce à mon mètre soixante-dix sur tous ces obstacles. Nous approchions des dix kilomètres et enfin je retrouvais des jambes. Il était temps !
Je m’élance donc tambour battant dans la longue descente qui mène vers l’aire d’arrivée. Je reprends ainsi 4 coureurs et je prends énormément de plaisir en retrouvant cette sensation de vitesse sur ce joli sentier entouré de hauts sapins noirs. Je donne tout sur les bords de la Semois que je vais devoir traverser une seconde et dernière fois sauf que ce coup-ci, il faudra se mouiller. Le bénévole me prévient qu’il faut que je sois vigilant car il y a énormément de courant. En effet, j’avance péniblement en position de véliplanchiste à l’aide du corde. C’est dans ces moments qu’on se rend compte qu’on est peu de chose. Si je lâchais ma prise, c’était parti pour un petit canyoning imprévu et surtout à la fin incertaine…Les mains sont restées fermes et j’ai pu atteindre l’autre rive. Directement derrière se trouvait le montée de corde lisse à 6 mètres qui ne me posa pas de problème et je pus filer vers la ligne d’arrivée.
Ainsi, je finis 16ème au scratch en 1h33 minutes, très heureux d’avoir vécu une telle aventure. A noter que le lendemain, j’apprendrais que je finis finalement à la 15ème place avec une pénalité retenue (l’arbalète n’ayant pas été compté étrangement !) à 2 min (soit une broutille sur cette course) de la 10ème place et surtout à une corde de la 4ème, comme quoi ça se jouait vraiment à des détails et qu’il ne faut rien lâcher jusqu’au bout. Pas grave car j’étais déjà qualifié pour les championnats d’Europe à Amsterdam suite à la Gladiator Run.
Revenons à cette fin de course ! Juste après avoir franchi la ligne, je reçois ma médaille de finisher et je me jette sur le ravitaillement constitué de bonbons (c’est la première chose que j’ai vu et seule chose que j’ai mangé…toujours un grand enfant ^^), de gateaux, de viandes et de boissons. Il y en avait 2 autres sur le parcours avec des charcuteries et même de la bière. C’était très complet ! J’ajouterai qu’il n’y avait pas de consignes mais j’ai pu garé ma voiture assez près du village. Après une bonne douche bien chaude, je suis allé me faire masser pendant une vingtaine de minutes.J’ai failli m’endormir et j’ai adoré ce service^^ . Puis, j’ai été mangé sous le grand chapiteau grâce au ticket repas compris dans le pack coureur.
Entre coureurs, nous avons pu échanger nos impressions et nos souvenirs de course. Tous les élites étaient unanimes pour dire que nous avions participer à une belle course bien difficiles comme on les aime. En revanche, mes camarades situés dans des vagues ultérieures m’ont rapporté quelques bouchons sur les obstacles et une absence d’eau aux ravitaillements. Dommage ! Vers 18h et après avoir pleinement profité de l’événement, il était temps pour moi de regagner mon chez-moi. D’autant plus qu’il me restait un dernier obstacle de taille : les 6h de route.
J’ai aimé : Le parcours, le dénivelé, le cadre, le paysage, le passage dans le château, les ravitaillements, les passages dans l’eau, les obstacles, le règlement élite, la douche chaude et le confort, le massage, le repas compris dans le pack coureur, les tables pour manger, les parkings à proximité et la bonne ambiance générale. Le très bon rapport qualité prix pour 50euros en individuel et 40e en équipe de 4.
J’ai moins aimé : l’absence de consigne,
Je finirais en remerciant Dimitri Starodouboff, l’organisation et les bénévoles de la Médiéval Run, La Frappadingue pour m’avoir permis de participer à cet événement et les personnes qui me soutiennent.
Maintenant, je vais tâcher de récupérer physiquement car cette course à vraiment laisser de belles traces à mon organisme et je vous donne rendez-vous pour la Spartan Race Atlantique dans 3 semaines. A bientôt les warriors !
Bravo Mathieu…super compte rendu. C’était exactement ça! Et très beau chrono! Ouch. J’étais en Vague 3 et je me suis éclaté à faire cette course dont la difficulté première est la course! J’ai pas été fan de l’arbalète mais la traversée de rivière c’était top!!
Super résumé Mathieu et toujours un plaisir de te lire et surtout de te croiser au détour de courses OCR , au plaisir l’ami et bonne continuation pour la suite et au pire à l’Europe 12 Juin ….