Sur l’ensemble des courses que nous couvrons, le coût d’une inscription varie entre 10 et 100 euros. Ces différences de prix sont-elles justifiées ? Grâce aux organisateurs de l’Auvergnate Extrême et de la D-Day Race , nous avons pu nous pencher sur les sommes en jeu et les véritables contraintes des courses à obstacles.
Deux familles d’organisation
En France, une courses à obstacles peut être portée par deux types de structure : une association ou une entreprise. Cette première différence entraine déjà une différence de coût puisque toute société doit payer des charges (frais fixes, impôts…). Avant même de parler d’obstacles et de sécurité, les séries professionnelles sont déjà donc, de façon automatique, plus chères.
Cette différence de structure entraine également une autre dépense. Dans le cas des courses associatives, la quasi-totalité des personnes sur le parcours sont des bénévoles. Ce n’est pas forcément le cas pour les courses privées. Si certaines ont une aura qui leur permet d’attirer un grand nombre de bénévoles. D’autres, plus modestes, doivent prendre en compte un plus grand nombre de salaires dans leur budget.
Le coût des obstacles
D’une course à l’autre, le type d’obstacles varie. En fonction de la volonté des organisateurs, ils seront plus complexes, plus construits et donc plus onéreux. Dans le cas de l’Auvergnate Extrême, les obstacles sont la première source d’attractivité de cette course qui se veut l’une des plus dures d’Europe. Même avec une main d’œuvre et des frais de conception « gratuits », la matière première des obstacles représente déjà le plus gros budget de la course.
Dans le cas des courses à obstacles privée, les frais de construction et d’installation sont à financer expliquant une autre partie de la différence de tarifs. Tout comme les frais de location du lieu de la course.
Une course « nature » basée uniquement sur des obstacles déjà présents dans le paysage (tunnels, boue…) n’aura que très peu de frais. En revanche, plus les obstacles sont complexes, plus ils sont couteux. Avant donc de comparer le prix de deux courses, il est nécessaire de comparer le niveau des obstacles proposés. Les courses extrêmes sont logiquement beaucoup plus chères que les courses loisirs.
Le coût de la sécurité
La certification de chaque obstacle par une entreprise de sécurité est un poste de dépense à prendre en compte pour les organisateurs donnant la priorité à la sécurité. Ce genre de vérification est indispensable pour tout obstacle complexe : aucune défaillance ne peut être possible sur un obstacle quand il est soumis à plus de 5 000 passages et, par exemple, basé sur l’électricité.
En plus des secouristes, de médecins et des ambulances, obligatoires, certaines épreuves avec natation requièrent la présence de maîtres nageurs. Certaines courses vont encore plus loin en assurant la présence d’un service médical d’urgence sur place.
Autres coûts
Ravitaillements, récompenses, collation après course, chaque organisation doit penser à l’accueil de ses coureurs. C’est un indispensable. En plus de cela, certaines courses proposent un accueil encore plus poussé avec des douches chaudes, un vrai repas, voire même le camping inclus. Toutes ces prestations ont un coût qui se reflète dans le montant de l’inscription.
Contrairement aux idées reçues, la communication est loin de représenter le plus gros budget de dépense. C’est même souvent l’un des plus petits : loin derrière la sécurité, les obstacles et les frais d’accueil.
Oui mais il y a les sponsors, non ?
Malheureusement, le poids du sponsoring sur les courses à obstacles en France est assez faible. Sur les données que nous avons pu consulter, les sponsors sont principalement des fournisseurs. Rares sont ceux finançant réellement les courses. Seulement les plus grosses séries (Mud Day powered by Mini, Reebok Spartan Race, Fisherman’s friend Strongman Run…) arrivent à avoir un véritable poids financier en sponsoring. Heureusement pour les coureurs car le coût des obstacles et des structures de ces événements nous emmènerait vers des courses à plus de 150 €.
Bref, cher ou pas cher ?
Les obstacles et leur sécurisation représentent plus de la moitié du budget d’une course à obstacles. Si le montant de l’inscription à certaines courses est important, alors les participants peuvent nourrir des véritables attentes en terme de qualité des obstacles et de sécurité.
Payer 80 € pour une course privée longue avec des obstacles complexes (ou originaux comme le débarquement d’un bateau) est acceptable. Payer 30 € pour une course associative (non caritative) sans véritable sécurisation, sans ravitaillement et uniquement des obstacles naturels l’est beaucoup moins. Le juste prix est donc une question d’équilibre : on ne peut comparer deux courses sur le seul critère de leur prix.
Crédits photo : Auvergnate Extrême.
pour faire ce genre d article il faudrait sans doute étendre votre benchmark du secteur et surtout connaître les coûts des prestations ( notamment les secours qui ne sont pas exhorbitant en france ) …
Il n y a pas de normes imposées sur les obstacles en France et chacun fait ce qu il veut …
Si des sociétés comme ASO ou autres viennent dans ce secteur c est qu il y a un très bon business à faire ..ils ont d ailleurs reconnu que les mud days sont déjà plus rentable que le marathon de Paris
Évaluez par vous même le coût réel par coureurs et vous verrez que beaucoup ,au vu des tarifs font des bénéfices confortable …
Bonjour Theo,
Nous avons fait le choix de faire cet article après une étude assez complète sur les données de plusieurs courses. Certaines ne souhaitent pas que l’on donne leur nom ni que l’on communique dessus mais il est sur que nous n’avons pas non plus les données de toutes les courses.
Concernant le prix des secours, tout dépend de la prestation fournie et du référentiel pris en compte. Dire qu’ils ne sont pas exorbitants demande un point de référence par rapport à d’autres éléments. Dans le cas des données auxquelles j’ai eu accès, ces coûts là dépendent du type de secours mis en place. Du minimum imposé par la préfecture à certaines infrastructures, il y a de grandes différences. Pour certaines courses, cela représente un budget de près de 25 %.
Pour ce qui concerne la normalisation, cela dépend des organisateurs. Il n’y a pas de norme, pour le moment, mais un certain nombre de courses font certifier la sécurité de leurs obstacles.
Concernant les séries privées, il est évident que certaines courses tirent des bénéfices de leurs événements après l’investissement de départ. Comme je l’écris dans mon article, le juste prix est celui que l’on détermine soi-même entre son niveau d’attente et les prestations proposées. Si je souhaite que les prix soient le plus bas possible pour nous, les coureurs, je souhaite également que les courses privées soient rentables pour que notre sport continue à se développer. C’est une question d’équilibre. La limite entre un prix honnête et un prix exorbitant, se juge au niveau personnel en fonction des ses attentes et de son budget. Si trop de personnes jugent le prix trop élevé, l’affluence diminuera et les séries seront obligées de s’adapter. On l’a déjà vu précédemment.
Très bon article qui répondra à bien des questions…
Vivement une fédération !!!!
Léo