Dans la banlieue parisienne, la neige tombe à gros flocons en ce début mars. Dans deux jours, huit membres de la team S.W.A.T. : Baptiste, Hervé, Julien, Mehdi, Nicolas, Quentin, Sébastien et Yoan s’élanceront pour une course à obstacles d’endurance en Belgique : l’Xtreme Run 24h au fort de Barchon près de Liège. Toujours par deux, ils devront enchaîner les tours d’un circuit de 4,5 km et de 20 obstacles sous la pluie enchainant les épreuves, les tunnels et les bains d’eau glacée.
Baptiste : « J’en ai rêvé cette nuit. Dans mon rêve, la course était interminable. À te dégouter. »
Quentin : « C’est l’un des risques de ce genre de course ne vous mettez pas la pression : ça reste un plaisir »
Dans les discussions, les délires cachent le trac bien présent à quelques dizaines d’heures de l’épreuve et les questions techniques alimentent les conversations. Tentes, batteries, pommades, casques : tout l’équipement passe à l’inspection entre deux blagues sur Tinder ou l’amour de Sébastien pour une certaine marque de fast-food belge.
Sébastien : « Je sens que le week-end va être très physique mais surtout bien délire »
Quentin Boisbrun, 24 ans – cheminot, et Yoann Lescure, 36 ans – coach sportif, ont fait le choix de se lancer dans la version la plus dure. Ils passeront 24 heures à courir ensemble sans relayeurs. La seconde équipe des S.W.A.T. est composée de six personnes : Baptiste Deschamp, 29 ans, ingénieur en bâtiment ; Hervé Amiel, 28 ans, agent de piste ; Julien Lajournade, 35, menuisier ; Mehdi Taïr, 28, gestion de patrimoine ; Nicolas Paillet 31, gestionnaire de stock, et Sébastien Lemaire, 37, agent RATP. Et si les binômes pourront évoluer durant la course, Nicolas a d’ors et déjà prévu un plan de course pour les premières heurs.
Sébastien : « Étant le plus vieux de la team et votre grand frère, je me dois de vous dire que je suis fier de mon équipe. On va se faire plaisir malgré la dure réalité qui nous attend. Au mental mes petits swats ! »
Une dernière question reste à résoudre avant le départ. Que manger le dernier soir. Après de nombreux débats avec, dans les premiers rôles, une boite de conserve de haricots verts, les six swats finissent au KFC quand le binôme prenne place au restaurant pour un menu composé de pâtes et de pizza-nutella.
Le Jour J
Le jour de course, chacun possède sa propre routine alimentaire. Energy cake pour les uns, petit déjeuner complet pour d’autres… Une fois le premier repas englouti, c’est le départ pour le fort où la première mission se révèle être la mise en place du camp de base. Les tentes sont montées et les collègues français retrouvés pour une photo de famille : avec nos SWAT posent French Frogs, HCT, TORO, Warriors…
Tout s’enchaîne à une vitesse folle et après le traditionnel briefing a lieu le départ de la course. Il est 11 heures et 51 équipes s’élancent dans cette toute première édition de l’Xtrem Run 24h. Très vite, le premier obstacle arrive : une simple poutre. Si les premiers passages seront faciles, cette épreuve s’annonce terrible avec la fatigue : en cas de chute, un mètre et demi d’eau attendent pour refroidir des concurrents déjà frigorifiés par les températures oscillantes autour de zéro.
Les frontales s’éclairent ensuite pour un passage dans des tunnels où des pneus pendus ralentissent l’avancement des participants. À la sortie, nos deux premiers binômes enchainent un ramper dans la boue de vingt mètres, une épreuve de force et quatre buttes avec passage dans l’eau avant de passer sur une pyramide de cordes puis un impressionnant pont en filet à plus de six mètres de haut.
Après une épreuve d’adresse, un monkey bar et un toboggan, un nouveau tunnel attend les participants avec des fumigènes. Et c’est la fin du premier tour. Inscrit en équipe de deux, le binôme, Quentin et Yoann, ne sera pas relayé avant l’arrivée. Du côté des six SWAT, Baptiste et Hervé ont lancé la machine. Il seront relayés par Julien et Nicolas avant que Sébastien et Mehdi ne prennent la suite pour terminer la premier rotation.
Julien : « Ça pique sévère. Avec le temps brumeux, tout est froid dans les tente. Au bout de deux heures, nous sommes huitièmes ».
Dans l’après-midi, les conditions deviennent encore plus dures avec l’arrivée de la pluie. Les couvertures de survie sont de sortie et l’épreuve de force devient un cauchemard. Son principe est simple : lever un poids à l’aide d’une corde et d’une poulie. Avec la pluie, la corde d’escalade utilisée devient glissante et la demande d’énergie plus grande encore. L’Xtrem Run porte déjà bien son nom et les équipes ne viennent que de rentrer dans la quatrième heure de course.
Hervé : « On va enchaîner notre quatrième tour. La course en elle-même n’est pas dure mais les conditions font qu’elle exige un mental d’acier ».
À 18 heures, Alors que Quentin et Yoann continuent d’enchainer les tours, c’est le coup de théâtre pour nos six SWAT. Le bracelet de chronométrage est tombé. Le temps de retrouver la précieuse place suffira à faire rétrograder notre équipe de la sixième à la huitième place. La nuit est tombée et la pluie est de retour.
Après 8 heures de courses, notre binôme SWAT France fait sa première grosse pause. Ils ont déjà parcouru 10 tours soit plus de 45 kilomètres dans les conditions dantesques et pointent à la première place de leur catégorie et le moral est au beau fixe.
Il est vingt heures. Les six SWAT connaissent une baisse de régime. Le froid et la fatigue ont été rejoints par les crampes et la perte d’un équipier. Alors qu’il était dans son septième tour, Baptiste a perdu sa semelle orthopédique. S’il a réussi à finir le tour aidé par son binôme pour ne pas disqualifier l’équipe, la mécanique a souffert. La course est malheureusement finie pour lui.
Pendant la soirée, Julien et Hervé se révèlent être de véritables machines. Ils enchainent les tours en changeant régulièrement de binôme. Avec ces moteurs, les six SWAT passent à la cinquième place puis à la quatrième. Il est à minuit, l’équipe a déjà parcouru 95 kilomètres parcourus en 20 tours. Du côté du Yoann et Quentin, la soirée a été très productive. Ils sont toujours premiers avec quinze tours parcourus dont cinq d’avance et les buttes avec passage obligatoire dans l’eau sont désormais fermées pour la sécurité.
Il est maintenant minuit et demi. Peu de binômes sont toujours sur le circuit : c’est l’heure de la pause pour tout le monde. Ou presque : avec les French Frogs partis se reposer et le passage humide clos, notre binôme profite de l’opportunité pour boucler trois nouveaux tours avec de se coucher avec huit tours d’avance. Dans l’équipe de six, Julien reste le seul frais à vouloir repartir malgré le gros effort de la soirée. C’est une longue attente qui s’amorce pour lui. La règle du binôme est dure sur une course d’endurance.
Julien : « Le sentiment de frustration est fort mais le respect des autres membres de l’équipe l’est plus encore. »
Il est six heures et les six SWAT se réveillent. À la vue des douleurs, des températures négatives et de la fatigue, la course semble terminée. Pourtant, le petit-déjeuner vient changer la donne : vers huit heures, Hervé retrouve de l’énergie propose à Julien, qui n’attendait que ça, de reprendre la course.
Pour Quentin et Yoann, si la nuit a été terrible. Pour eux, c’est gagné : ils remportent la course dans la catégorie binôme solo avec plus de 85,5 km au compteur sur les 24 heures. Pour l’honneur, ils bouclent leur dernier tour, de huit à neuf heures. À trois tours, les French Frogs confirment leur très belle deuxième place.
De leur côté, Hervé et Julien enchainent huit tours. En l’espace de trois heures, ils réussissent à faire passer la six SWAT à la septième place au général et au sixième rang de leur catégorie.
À l’arrivée, les français réussissent un beau tir groupé avec le doublé en catégorie 2 et une très belle deuxième place en catégorie 6 pour les H.C.T. suivent les TORO et les Warriors quatrième, cinquième et les six SWAT : septième avec 126 kilomètres parcourus.
Les heures qui suivent la course sont dures malgré les sourires. Le retour se fait avec la fatigue. L’effort a été tel que certains ont perdus plus de quatre kilos durant ce week-end et le sommeil est difficile à trouver.
Quentin : « Quand je ferme les yeux, je vois les tunnels et mes jambes ressentent le froid. Nuit compliquée en vue ».
Les jours qui suivent se ressemblent et les courbatures sont partout mais la passion reprend rapidement le dessus. Enchaîner l’herculéenne et la somad en un weekend dans quinze jours ? Facile, ils reviennent de l’enfer du nord. De 24 heures vraiment extrêmes.
Épilogue
Julien : « Je tiens à remercier toute la team SWAT pour ce défi de malade que nous avons relevé. De gros moments de doute, de vide nous ont habité à cause de blessures, des crampes, de la pluie et des températures très basse. Malgré cela, nous avons réussi à rester soudés devant l’adversité. Avec une belle remontée ce matin avec huit tours au compteur avec mon binôme Hervé (nous sommes des grands malades), nous avons finis honorablement à la sixième place.
Je tiens aussi à remercier toute la famille OCR France qui était aussi présent sur la course (HCT/French Frog/TORO) pour leur soutien, leur aide psychologique pendant la course.
C’était une course sur 4,5 kilomètres avec tout ce qu’on aime comme obstacles de l’eau à gogo (4 passages), des palissades, des pans inclinés, des passages dans le fort à moitié dans l’obscurité, un pont suspendu à 12 m de haut et pleins d’autres… Seul bémol pour l’organisation, mais c’est partout pareil, les bénévoles ne sont pas forcément au courant de la procédure en cas de blessure avec le sifflet.
Je recommande vraiment cette course de fou. Un grand merci à tous ceux qui nous ont encouragés indirectement de près comme de loin pendant la course via les réseaux sociaux. Maintenant place au repos du guerrier si bien mérité ! »
Prochaine course belge avec des français dedans : La Médiéval Run qualificative pour les championnats d’Europe.
Merci pour ce récit, franchement vous m’avez donné envie, cette année je suis que sur les spartan races (pass saison) mais l’année prochaine j’y serai avec ma team.
Merci! !!!!